Sommaire de carrière
Plasticité et réorganisation fonctionnelle du cerveau humain : étude du développement normal et pathologique
L’objectif qui chapeaute l’ensemble du programme de recherche de mon laboratoire est de comprendre l’organisation et la plasticité fonctionnelle du cerveau humain lors de son développement, son potentiel de récupération ainsi que les limites de cette plasticité. Afin d’examiner ces questions, nous étudions les effets de différentes pathologies (privation visuelle par cataractes congénitales, commotion cérébrale d’origine sportive) sur le développement perceptif et cognitif de l’enfant. Nos études s’appuient sur des paradigmes expérimentaux en psychophysique, en électroencéphalographie (potentiels évoqués visuels et cognitifs), et en imagerie cérébrale (DTI et MRS). Ces outils nous permettent d’évaluer les fonctions du cerveau ainsi que les propriétés neuroélectriques et neurochimiques des mécanismes neuronaux qui sous-tendent ces fonctions.
Axe I : Développement sensoriel et perceptif
Le premier objectif de ce volet de recherche est de quantifier et de comparer la trajectoire du développement normal de différentes fonctions visuelles. Par exemple, nous évaluons le développement de différentes fonctions visuelles associées à différents niveaux de traitement cortical au sein de la hiérarchie du système visuel : de la sensibilité aux contrastes et la perception du mouvement local, qui sont sous-tendues par les aires visuelles primaires, à l’intégration des contours et la perception du mouvement global, qui impliquent des étapes de traitements additionnelles au sein des aires visuelles supérieures et extrastriées. Jusqu’à présent, les résultats suggèrent que les aspects de la perception visuelle qui nécessitent plusieurs étapes de traitement au sein du cortex visuel se développent plus lentement que ceux qui requièrent moins d’étapes.
Le deuxième objectif de ce volet de recherche est d’identifier les mécanismes qui permettraient au cerveau de l’enfant d’intégrer l’information provenant simultanément des différents sens (c.-à-d. l’intégration multisensorielle). Malgré une littérature scientifique abondante sur le développement sensoriel et perceptif, notre compréhension de ces mécanismes demeure limitée parce que les fonctions sensorielles et perceptives ont principalement été étudiées en isolation. Donc, nous ne comprenons toujours pas comment le cerveau, durant son développement, évolue afin d’arriver à intégrer l’information provenant simultanément des différents sens.
J’étudie également les effets de la privation visuelle, causée par la présence de cataractes congénitales, sur le développement de différentes fonctions visuelles ainsi que sur les processus d’intégration multisensorielle. Pour ce faire, les fonctions visuelles d’enfants ayant une vision normale sont comparées avec celles d’enfants et d’adultes nés avec des cataractes. Avant d’être retirées chirurgicalement durant l’enfance, ces cataractes empêchent l’information visuelle de se rendre normalement à la rétine. Une fois les cataractes retirées, cela permet d’étudier l’effet de l’expérience visuelle sur le développement du système visuel. Jusqu’à présent, nos résultats suggèrent que la privation visuelle a un effet différent sur différentes fonctions visuelles, selon qu’elles impliquent un traitement des aires visuelles primaires ou supérieures.
Axe II : Commotions cérébrales d’origine sportive
Il est maintenant bien connu qu’une commotion cérébrale chez l’adulte cause des perturbations cognitives importantes qui peuvent persister jusqu’à deux ans après l’incident. Cependant, malgré la fréquence aussi élevée chez l’enfant que chez l’adulte des commotions cérébrales, nos connaissances des séquelles cognitives et sensorielles chez l’enfant commotionné sont très limitées. Les objectifs de ce volet de ma recherche consistent à :
1) déterminer la nature des déficits neuropsychologiques causés par une commotion durant le développement;
2) identifier les dysfonctions neurophysiologiques et neurochimiques associées;
3) déterminer s’il y a une relation entre l’âge auquel la commotion est survenue et la gravité des déficits;
4) identifier les mécanismes de récupération et les limites de la plasticité des différentes habiletés cognitives et sensorielles en fonction de l’âge;
5) développer un outil diagnostique pour les enfants commotionnés qui tiendra compte de l’âge auquel l’accident est survenu.