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Centre de recherche
jeudi 9 mars 2023
Communiqué de presse

Consommation excessive d'alcool: la première semaine est critique

Le 9 mars 2023 − Une consommation excessive d’alcool durant la première semaine de grossesse comporte des risques pour l’enfant à naître. Néanmoins, une nouvelle étude menée par Serge McGraw, chercheur en épigénétique et spécialiste en biologie de la reproduction au CHU Sainte-Justine, démontre qu’une saine alimentation riche en nutriments, tels que l’acide folique, la vitamine B12, la choline et la bétaïne, pourrait contribuer à réduire certains impacts de cette consommation, par exemple chez les femmes ne sachant pas encore qu’elles sont enceintes.

Les résultats ont été publiés au début du mois de mars dans The FASEB journal, la revue de la Federation of American Societies for Experimental Biology.

Des risques durant toute la grossesse, même la première semaine

La consommation d’alcool à tous les stades de la grossesse peut mener à diverses conséquences, appartenant au trouble du spectre de l’alcoolisation fœtale (TSAF). Ces conséquences, de légères à très sévères, incluent des déformations congénitales, un retard de croissance durant la grossesse et des problèmes émotionnels et comportementaux liés au développement du cerveau. En Amérique du Nord, on estime que 0,9 % des enfants souffrent des effets de l’exposition à l’alcool dans le ventre de leur mère. Néanmoins, ce diagnostic est très difficile à établir après la naissance.

Par ailleurs, très peu d’études existent sur la consommation d’alcool durant la phase embryonnaire pré-implantatoire de la grossesse, c’est-à-dire durant la première semaine de la grossesse, pendant que l’embryon flotte librement dans l’utérus et avant même qu’un test de grossesse puisse détecter une fécondation. Or, le bébé à naître est particulièrement vulnérable à ce stade. Jusqu’à récemment, on croyait, à tort, à l’effet du tout ou rien; c’est-à-dire que l’embryon exposé à une forte concentration d’alcool pendant cette période allait soit subir un avortement spontané, soit se développer correctement.

Les travaux de Serge McGraw, également professeur agrégé à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal, permettent de réfuter cette croyance. 

En effet, en utilisant la souris comme modèle, son équipe a démontré dans une précédente étude publiée en 2021 que les embryons survivent à une dose unique et excessive d’alcool durant la première semaine de gestation et qu’ils présentent des problèmes morphologiques dans 19 % des cas. Ces anomalies, qui sont observées tôt durant la gestation et persistent dans le temps, ont été confirmées dans la présente étude, mais ne représentent qu’une petite proportion des conséquences de la consommation d’alcool durant la grossesse. En effet, « dans nos deux études chez la souris, les embryons avec ou sans défauts morphologiques présentent aussi des anomalies dans les mécanismes contrôlant l’expression des gènes, surtout au niveau des gènes associés au développement du cerveau », précise le chercheur Serge McGraw. Ainsi, chez les embryons physiquement normaux, il est probable qu’un certain nombre d’entre eux présente des problèmes de développement du cerveau suivant la naissance. D’ailleurs, chez les humains, 90 % des enfants atteints du TSAF n’ont pas de défauts morphologiques, mais présentent des symptômes intellectuels, émotionnels ou comportementaux, qui se déclarent plus tard dans l’enfance et l’adolescence.

Des suppléments qui pourraient aider à protéger le bébé à naître des effets de l’alcool

Toutes ces informations recommandent une grande prudence avec la consommation d’alcool pour les femmes en âge de procréer. « Pour prévenir l’effet tératogène de l’alcool sur l’enfant à naître, ne pas consommer d’alcool demeure la seule voie à suivre, mais il faut trouver des moyens de protection alternatifs pour les femmes ne se sachant pas encore enceintes », renchérit Serge McGraw. Avec son équipe de recherche, il a montré qu’une alimentation riche en nutriments, notamment l’acide folique, la vitamine B12, la choline et la bétaïne, importants pour les mécanismes épigénétiques servant à contrôler l’expression des gènes, apporte un niveau de protection pour l’embryon exposé à l’alcool. Dans l’étude, les fœtus de souris exposés à cette diète maternelle avant et pendant la gestation ont présenté presque trois fois moins de défauts morphologiques. Ils avaient notamment un crâne plus près des dimensions attendues ainsi que des défauts morphologiques moins importants et moins variés.

Les résultats de cette étude suggèrent que des modifications soient apportées dans les lignes directrices en matière de consommation d’alcool et d’alimentation chez les femmes en âge de procréer ou désirant devenir enceinte au pays.

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À propos du Centre de recherche du CHU Sainte-Justine

Le Centre de recherche du CHU Sainte-Justine est un établissement phare en recherche mère-enfant affilié à l’Université de Montréal. Axé sur la découverte de moyens de prévention innovants, de traitements moins intrusifs et plus efficaces et d’avenues prometteuses de médecine personnalisée, il réunit 280 chercheurs, dont plus de 140 chercheurs cliniciens, ainsi que plus de 550 étudiants de cycles supérieurs et postdoctorants. Le centre est partie intégrante du Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine, le plus grand centre mère-enfant au Canada.
recherche.chusj.org
@CR_CHUSJ

Source
CHU Sainte-Justine
Renseignements

Nathalie Prud’homme
Centre de recherche du CHU Sainte-Justine

Autre source / renseignements

Personne-ressource auprès des médias :
Justine Mondoux-Turcotte
Conseillère - Relations médias et relations externes
CHU Sainte-Justine
514 345-7707
justine.mondoux-turcotte.hsj@ssss.gouv.qc.ca

Personnes nommées dans le texte
À propos de l’étude

L’article « Mitigating the detrimental developmental impact of early fetal alcohol exposure using a maternal methyl donor-enriched diet » par Mélanie Breton-Larrivée, Elizabeth Elder, Lisa-Marie Legault, Alexandra Langford-Avelar, Amanda J. MacFarlane et Serge McGraw, a été publié le 1er mars 2023 dans The FASEB journal. Le financement de l’étude a été assuré par le Sick Kids Foundation, les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), les Fonds de Recherche du Québec − Santé (FRQS), le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, le Réseau Québécois en reproduction (RQR) et la Fondation CHU Sainte-Justine.

À propos de cette page
Mise à jour le 9 mars 2023
Créée le 7 mars 2023
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