À neuf mois de la retraite, Sophie Gravel rayonne toujours de la même passion qui l’anime depuis près de 35 ans. Infirmière de cœur et de vocation, elle a dirigé l’unité de néonatologie pendant dix ans avant de prendre les rênes de la coordination de la trajectoire mère-enfant au CHU Sainte-Justine, un rôle qu’elle assume avec passion depuis maintenant cinq ans. Une institution qui, pour elle, est bien plus qu’un lieu de travail : c’est là que tout a commencé.
Une vocation née d’un détour… et d’une « étincelle »
« À la base, je voulais être médecin, anesthésiste plus précisément », raconte-t-elle avec franchise. Refusée en médecine, elle s’inscrit en sciences infirmières en pensant y faire un simple détour. Mais dès les premiers stages, les cours, et surtout le contact humain, elle découvre une vocation qui la captive et la retient pour de bon. « J’ai adoré ça. Je me suis dit : c’est ça que je vais faire pour le reste de mes jours! »
Ce choix de carrière prend racine bien plus tôt qu’elle ne l’aurait cru. À l’âge de 16 ans, elle vient au CHU Sainte-Justine pour y subir une opération majeure. Deux semaines d’hospitalisation qui marquent un tournant : « J’étais une ado en colère, une patiente pas facile du tout. Mais les infirmières - une en particulier - savaient comment s’y prendre avec moi. Elles m’ont réellement inspirée. » C’est là qu’est née « l’étincelle ».
Une profession qui « donne un sens à la vie »
« C’est presque un cliché de le dire, mais je crois profondément que c’est la plus belle profession du monde. Elle donne un sens à notre vie », affirme-t-elle avec conviction. En 35 ans de carrière, elle n’a pris que trois jours de congé maladie — un chiffre qui témoigne de son engagement indéfectible.
Aujourd’hui, elle transmet sa passion à travers des conférences pour les étudiantes et étudiants en sciences infirmières : « Oui, les conditions sont parfois difficiles, mais on fait une énorme différence! » Ce qui rend cette carrière si unique, selon elle, c’est la multitude de chemins qu’elle offre : « j’ai occupé une variété de postes, et chaque expérience m’a permis de me développer différemment. Que l’on souhaite approfondir la pratique clinique dans une unité ou dans une autre, s’investir en recherche ou évoluer en gestion, tout est possible. » Pour elle, c’est une profession qui permet de toucher à tout, de se réinventer, et surtout, d’utiliser pleinement toutes ses compétences.
Une gestionnaire au service de la mission
Ce qui distingue Sophie Gravel, c’est son profond attachement à l’humain. « Si j’avais été médecin, je n’aurais probablement pas eu cette relation privilégiée avec les patients. » Elle évoque avec émotion la néonatologie, un univers qu’elle connaît intimement pour y avoir passé quatre mois aux côtés de sa fille. « Accompagner un bébé de 500 grammes, si fragile, jusqu’à ce qu’il puisse rentrer à la maison… et savoir qu’on a contribué à ce parcours, c’est une fierté immense. C’est un privilège qui marque une vie. »
Elle se souvient avec fierté du déménagement de l’unité de néonatologie en 2016, un moment charnière de sa carrière. « Nous avons déplacé 47 bébés. C’était une opération d’une extrême délicatesse, à la fois logistique et humaine — un défi colossal. Mais nous l’avons relevé. Ensemble. » Un projet d’envergure qui témoigne de sa capacité à mobiliser, à planifier, à inspirer.
Aujourd’hui, à l’aube d’un nouveau chapitre, Sophie Gravel laisse derrière elle un héritage de compassion, de rigueur et d’humanité. Elle incarne ce que la profession infirmière a de plus noble : une présence, une écoute, un engagement indéfectible envers les autres.