« Je crois avoir un trouble alimentaire… »
Cette prise de conscience est lourde de sens, et elle implique de te remettre en question pour éviter de souffrir davantage.
Cette souffrance peut être vécue dans ton corps, dans ta tête, dans tes relations avec tes parents, tes amies et amis, à l’école ou lors de tes activités artistiques ou sportives préférées.
Plusieurs adolescentes et adolescents ont un rapport difficile et problématique avec la nourriture ou l’exercice. La première étape pour te sentir mieux est de bien comprendre ce qui t’arrive.
Le trouble alimentaire a un grand impact sur le rapport que tu entretiens avec ton corps, la nourriture et l’exercice. Il s’installe doucement – souvent sans que l’on s’en aperçoive. Peu à peu, il prend toute la place, occupe toutes tes pensées et change ta façon d’être.
Le trouble alimentaire mène fréquemment la personne qui en souffre à se sentir incomprise et à s’isoler des autres. Il rend difficiles des comportements qui semblent naturels pour les autres, comme prendre des collations inattendues en quantité raisonnable, improviser un repas lorsqu’il est temps de manger ou se reposer quand la fatigue se fait sentir.
Il s’accompagne de souffrances et d’un sentiment de perte de contrôle, même en faisant tout pour tenter d’être en contrôle de la situation. Il devient progressivement une façon de gérer les émotions quand elles débordent, ce qui ne fait que renforcer le trouble et entraîne encore plus d’émotions qui débordent… À ce moment, tu sens que la situation t’envahit.
Le diagnostic d’un trouble alimentaire se fait en collaboration avec une ou un médecin, professionnel de la santé ou professionnel des soins infirmiers.
Si tu reconnais certains de tes comportements en parcourant la section Les types de troubles alimentaires, n’hésite pas à demander de l’aide à tes parents ou à un adulte de confiance pour obtenir le soutien nécessaire.
L’équipe pourra t’aider à mieux comprendre ce qui t’arrive, à faire des liens avec ce que tu as vécu et à identifier ce qui peut contribuer à ton état.
Il y a plusieurs types de troubles alimentaires. Si tu reconnais certains de tes comportements en parcourant cette section, n’hésite pas à demander de l’aide à tes parents ou à une personne adulte de confiance pour obtenir le soutien nécessaire
Comme un régime sévère qui n’a pas de fin, ce trouble alimentaire pousse la personne qui en souffre à restreindre la quantité de nourriture qu’elle ingère. Conséquence : la personne perd du poids ou, à tout le moins, n’en gagne pas, et ce, même s’il est tout à fait normal de prendre du poids en période de croissance à l’adolescence.
L’anorexie peut aussi avoir un impact sur l’exercice, qui devient peu à peu une obligation. Négliger l’exercice peut alors provoquer un sentiment de culpabilité ou de honte.
La pensée la plus fréquente associée à ce trouble est qu’il faut éviter à tout prix de gagner du poids – ou seulement le maintenir stable. L’anorexie peut mener à mentir aux gens que l’on aime sur ce que l’on mange ou non, ainsi que sur les routines d’exercice que l’on fait.
Au fil du temps, des conséquences physiques peuvent apparaître :
La personne qui souffre de boulimie perd plus ou moins régulièrement le contrôle de son alimentation. Elle mange alors rapidement de grandes quantités de nourriture, sans que ce soit nécessaire à ses besoins.
Certaines des personnes atteintes de ce trouble vont compenser cet apport excessif par des comportements dangereux pour le corps, comme se faire vomir ou faire de l’exercice exagérément.
Les crises de boulimie engendrent une grande souffrance émotionnelle (ex. : honte, culpabilité, dégoût), mais peuvent aussi avoir de graves conséquences dans tout le corps (ex. : débalancement chimique du sang, atteintes à l’émail des dents, problèmes gastro-intestinaux).
Souvent la conséquence de certaines peurs associées à la nourriture, ce trouble entraîne une difficulté ou un inconfort à s’alimenter convenablement.
Par exemple, il peut survenir après un étouffement ou une réaction allergique à un aliment. Ensuite, de plus en plus d’aliments sont retirés de l’alimentation. Ces restrictions privent la personne des nutriments essentiels au bon fonctionnement de son corps et l’empêchent d’atteindre un poids normal.
Les habitudes alimentaires deviennent aussi très compliquées et peuvent avoir de graves répercussions sur la santé.
L’hyperphagie, comme la boulimie, implique de manger de trop grandes quantités de nourriture par rapport à ses besoins physiques. Elle est fréquemment accompagnée d’une impression de perte de contrôle.
Ce trouble amène souvent la personne à manger pour gérer certaines émotions ou pour traverser des moments difficiles, plusieurs fois par semaine.
L’hyperphagie peut occasionner une prise de poids excessive, et entraîner des comportements qui peuvent nuire à la santé et dérégler le mode de vie (ex. : faire des régimes à répétition pour perdre du poids).
Certains troubles alimentaires peuvent sembler naître d’une volonté d’améliorer sa santé, mais ils amènent plutôt les personnes qui en souffrent à être en sous-poids ou à subir des conséquences similaires à celles de l’anorexie mentale [lien vers les conséquences physiques de l’anorexie mentale – volet adolescent(e)s].
La bigorexie est plus souvent rencontrée chez les garçons qui cherchent à obtenir un corps musclé, par des moyens qui affectent leur santé.
Les personnes atteintes peuvent restreindre la quantité ou la variété de nourriture qu’elles ingèrent. Elles peuvent aussi faire de l’exercice de façon excessive, même sans avoir l’énergie nécessaire. Elles risquent alors de se blesser et elles se mettent en danger.
L’orthorexie, elle, est associée à des restrictions dans la variété des aliments. Ces restrictions sont guidées par des choix qui se veulent santé, mais elles créent un débalancement qui ne permet plus de se nourrir adéquatement.
Les personnes souffrant d’orthorexie peuvent retirer des catégories entières d’aliments nécessaires au bon développement et au bon fonctionnement du corps. Elles n’auront pas nécessairement des problèmes avec leur poids ou leur apparence, mais elles se sentiront honteuses ou coupables si elles désobéissent aux règles alimentaires qu’elles s’imposent.
D’autres formes de troubles alimentaires existent. Elles ont toutes en commun de mettre en péril la santé de la personne atteinte.
Si tu crois avoir un rapport problématique avec ton alimentation ou ton niveau d’exercice, n’hésite pas à demander de l’aide à un parent ou une personne adulte de confiance.
Pour avoir un portrait des options qui s’offrent à toi, consulte les sections Le centre intégré des troubles de la conduite alimentaire (CITCA) et Autres ressources d’aide.
Le Centre intégré pour les troubles de la conduite alimentaire (CITCA) du CHU Sainte-Justine offre des soins pour la plupart des troubles alimentaires, en collaboration avec le réseau de la santé et des services sociaux. Certains problèmes peuvent ainsi être traités dans la communauté, plus près de chez toi, avec l’appui de notre équipe.
Pour obtenir des soins à la clinique de médecine de l’adolescence – dont le CITCA fait partie –, une demande de consultation (requête) de la part d’une ou d’un médecin ou professionnel de la santé est nécessaire.
Il te faut donc d’abord en discuter avec ta ou ton médecin, professionnel des soins infirmiers ou autre professionnel de la santé que tu connais, ou demander à tes parents de t’aider avec cette démarche.
Si tu vis des symptômes physiques nouveaux ou inquiétants (ex. : faiblesses, évanouissements), il est important d’en aviser tes parents ou de te présenter à l’urgence de l’hôpital le plus près de chez toi pour éviter de te sentir encore plus mal.
Les services sont donnés en clinique ambulatoire (sur place, sans hospitalisation), en hospitalisation et sous forme de suivi ambulatoire intensif (en mode virtuel).
Notre équipe est composée de :
D’autres personnes peuvent parfois être impliquées auprès des jeunes qui sont en hospitalisation. Il est à noter que les services sont coordonnés par les médecins et que le traitement offert est adapté aux besoins de chaque patiente et patient et de sa famille.
Avant de te présenter à un rendez-vous médical, il peut être utile de dresser une liste de toutes tes questions et de tes attentes par rapport à la rencontre.
N’oublie pas de l’apporter avec toi, tout comme ta carte d’assurance maladie, ta carte d’hôpital (une carte bleue, que tu peux te procurer sur place si tu n’en as pas) et la liste de tes médicaments.
Il est possible qu’un premier rendez-vous te fasse vivre un certain stress, ou qu’il en fasse ressentir à tes parents. Il est également possible que tu sentes une réticence face à cette première consultation.
Une personne atteinte d’un trouble alimentaire ne voit pas toujours celui-ci comme un problème, ou il arrive qu’elle n’ait pas envie de le guérir. Rassure-toi : nos médecins sont bien habitués à cette réalité. Elles et ils vont t’accompagner en écoutant attentivement ton point de vue.
En plus du Centre intégré pour les troubles de la conduite alimentaire (CITCA), d’autres ressources sont en mesure de t’apporter de l’aide.
Si toi ou tes parents avez une quelconque inquiétude quant à ta conduite alimentaire ou si vous soupçonnez un trouble alimentaire, il est important de faire évaluer ta santé par une ou un médecin ou professionnel des soins infirmiers.
Puisque les troubles alimentaires affectent fortement l’humeur et les relations, une aide psychologique ou sociale peut souvent être utile. Tu peux obtenir une consultation avec une personne professionnelle de la santé mentale en composant le 811.
Tu peux aussi demander de rencontrer une ou un professionnel de la santé de ton école (infirmière ou infirmier, éducatrice ou éducateur spécialisé, psychoéducatrice ou psychoéducateur, travailleuse ou travailleur social, psychologue), qui saura te guider vers l’aide adéquate.
Anorexie et boulimie Québec (ANEB) propose aux ados un site Web très complet sur les troubles de l’alimentation. Tu peux y recevoir du soutien par clavardage, texto ou téléphone.
Jeunesse, J’écoute propose aussi un site Web qui offre de l’information sur les troubles alimentaires et sur d’autres défis que vivent les ados.
Le Centre hospitalier pour enfants de l’est de l’Ontario (CHEO) a produit une brochure intéressante qui explique les troubles alimentaires et leurs effets sur la santé, les traitements offerts, en plus de donner des conseils généraux pour se sentir mieux. Il propose également différents livres et sites Web qui traitent de cette problématique.
L’organisme Anorexie et boulimie Québec (ANEB) a aussi dressé une liste de recommandations de lectures au sujet des troubles alimentaires.
Tu te demandes si tu souffres d’un trouble alimentaire? Tu t’inquiètes pour une ou un ami ? Voici quelques conseils qui peuvent t’éclairer.
La meilleure façon de prévenir un trouble alimentaire est d’éviter de te mettre au régime. Tu dois plutôt demander de l’aide si tu es inconfortable avec ton corps ou ton poids.
Il est également important de valoriser la diversité des corps et de comprendre que la santé va bien au-delà du poids et de l’apparence. La Charte québécoise pour une image corporelle saine et diversifiée est un bon exemple de démarche visant à promouvoir des images de beauté saines et valorisant la diversité corporelle dans les médias et les publicités.
Toutes les initiatives visant à s’attaquer à l’intimidation et la discrimination chez les jeunes peuvent aussi aider à prévenir les troubles de l’alimentation. Tu trouveras plusieurs ressources à cet effet à ton école ou dans les organismes communautaires.
Guérir d’un trouble alimentaire est tout à fait possible. Impliquer des ressources professionnelles compétentes, tes parents ou d’autres personnes significatives de ton réseau (ex. : une personne de l’école) peut vraiment t’aider grandement dans ton rétablissement.
Le rétablissement est un processus qui peut prendre un certain temps. Ce temps est nécessaire pour pouvoir retrouver une vie normale et te réaliser dans les relations et les projets qui sont les plus importants pour toi, ta santé et ton avenir.
La première étape du changement est de bien comprendre ce qui t’arrive et de reconnaître que le trouble alimentaire a pris trop de place dans ta vie. N’hésite pas à t’informer, à en discuter avec des adultes de confiance et à chercher de l’aide. Le plus tôt tu agis, le plus tôt ta guérison peut commencer !
Sois consciente ou conscient que ce processus peut parfois comporter des moments plus difficiles et des retours en arrière. Il est alors important d’en informer les personnes qui t’aident pour obtenir le soutien qui te permettra de progresser de nouveau. Une rechute peut arriver et il ne sert à rien de te blâmer.
Si une ou un ami te semble avoir un problème sur le plan alimentaire, la meilleure attitude consiste à montrer une ouverture, à la ou le rassurer par ta présence, sans jugement. Cela suffira parfois pour qu’elle ou il s’ouvre à toi et accepte de discuter de sa situation et de son état.
Toutefois, il arrive souvent qu’une personne atteinte de trouble alimentaire vive de la honte à l’égard de sa situation et évite d’en parler, même à ses meilleurs amies et amis. Elle peut aussi demander de garder son problème secret. Mais garder le silence n’est généralement pas la meilleure façon d’aider…
Si tu t’inquiètes pour la santé d’une amie ou d’un ami, n’hésite surtout pas à demander de l’aide à une personne de confiance (ex. : personnel infirmier ou prof de ton école) ou à t’adresser directement aux parents de ton amie ou ami. Les troubles alimentaires peuvent devenir graves et nécessiter de l’aide qui va au-delà de tes bons conseils et de ton affection. Il est difficile de jouer le rôle de thérapeute avec une personne qui a un problème de santé.
Pour t’informer davantage ou en parler avec une personne qui s’y connaît, tu peux contacter l’organisme Anorexie et boulimie Québec (ANEB).
Centre intégré pour les troubles de la conduite alimentaire (CITCA) 6e étage, bloc 6
Téléphone de la clinique de médecine de l’adolescence 514 345-4921
Demande de consultation médicale (télécopieur) 514 345-4778