Jean-François Bussières

Hommage à un grand

Le 2 septembre 2022, après 35 ans de contribution au monde de la pharmacie – dont 26 ans au CHU Sainte-Justine –, Jean-François Bussières a pris sa retraite du réseau de la santé. Retour sur une brillante carrière.

Jean-François est né en 1964 dans la région de Québec. « Jeune, je voulais œuvrer dans le monde des arts, mais mes parents m’ont encouragé à poursuivre mes études en sciences », se souvient-il. À 15 ans, il a commencé à travailler dans une pharmacie comme commis de plancher, et a ensuite occupé presque tous les postes de l’entreprise. C’est l’expérience qui lui a donné envie de devenir pharmacien. 

Après un baccalauréat en pharmacie à l’Université Laval, il a entamé une maîtrise pour pouvoir pratiquer en milieu hospitalier. Son projet d’études consistait à développer une pharmacie satellite, la première à Québec, en néonatalogie. « Ce n’était pas mon idée au départ, mais il y avait un besoin, précise-t-il. Je suis allé voir ce qui se faisait à Montréal, Ottawa et Toronto, puis on a lancé le projet à Québec. Pendant un mois, le satellite était ouvert 24 heures sur 24, j’alternais aux 12 heures avec une collègue. Je suis tombé amoureux de la pédiatrie en travaillant sur ce projet en néonatalogie. Il m’a introduit aux soins, il m’a mis sur mon X. »

En 1988, sa maîtrise terminée, Jean-François est devenu pharmacien clinicien à la Cité de la Santé de Laval, jusqu’en 1992. Cette année-là, il a obtenu son MBA de l’Université McGill et a été nommé chef du département de pharmacie à l’Hôpital Fleury. Quelque temps après, les gens du CHU Sainte-Justine l’ont invité à venir donner une conférence sur la communication… et l’ont par la suite convoqué en entrevue. « J’ai reçu la lettre de convocation la journée de l’entrevue, je n’étais au courant de rien!, se remémore-t-il en riant. J’ai passé l’entrevue dans les jours suivants, et ils m’ont fait une offre deux jours plus tard, que j’ai acceptée, en négociant un délai de quelques mois pour terminer ce que j’avais entrepris à Fleury. Je n’étais pas prêt à laisser mon équipe si vite. »
 

« Même si c’est méconnu, la pharmacie
est un maillon important dans un hôpital,
elle a un impact sur tous les patients –
et sur la plupart des soignants. »
 

C’est en septembre 1996 qu’il s’est finalement joint à Sainte-Justine, en tant que chef du département de pharmacie. Au même moment, il a également été nommé professeur de clinique à la Faculté de pharmacie de l’Université de Montréal, où il enseigne toujours. Pourquoi a-t-il accepté de faire le saut à Sainte-Justine ? « Parce que donner des soins aux mères et aux enfants, c’est faire le plein d’espoir, réfléchit-il. L’hôpital se voue à eux, il ne faut jamais cesser de faire entendre leurs voix auprès des décideurs. »

Durant sa carrière de 26 ans à Sainte-Justine, Jean-François a laissé sa marque. D’abord par l’équipe qu’il a su créer au fil des années. « C’est ce dont je suis le plus fier, affirme-t-il sans hésiter. Il faut du temps, de l’intuition, de l’effort pour recruter et retenir tous ces talents. Ils vont assurément me manquer… La force de Sainte-Justine, c’est les humains qui y travaillent. Et même si c’est méconnu, la pharmacie est un maillon important dans un hôpital, elle a un impact sur tous les patients – et sur la plupart des soignants. » À son arrivée à la tête du département, l’équipe était dotée d’une quarantaine d'équivalents temps plein; à son départ il y a quelques mois, elle en comportait près de 100, sans compter une vingtaine d’étudiants en formation.

Il a aussi complètement réorganisé le département, en établissant un modèle de soins pharmaceutiques intégrés aux autres services, avec des pharmaciens présents partout dans l’hôpital, dans toutes les équipes. « On peut parler de pharmacie au-delà des murs de notre département! », lance celui qui a été reconnu plus de 75 fois par ses pairs au cours de sa carrière, pour l’excellence de sa pratique et de son enseignement. À cela s’ajoutent sa contribution au déménagement du département dans de nouveaux espaces avant-gardistes en février dernier, et son implication dans la mise en place d’un circuit du médicament à la fine pointe de la technologie – de la prescription en passant par la validation et la préparation, jusqu’à l’enregistrement des doses par le personnel.

Récipiendaire du prix 2007 du Pharmacien canadien de l’année, membre de l’Ordre de l’excellence en éducation du Québec depuis 2018, auteur de plus de 1650 communications et articles, Jean-François – dont on ne peut résumer ici tous les accomplissements tant il y en a – demeure professionnellement actif, en tant que responsable de l’Unité de recherche en pratique pharmaceutique (URPP) et enseignant à l’Université de Montréal.

Comment ce jeune retraité du réseau de la santé voit-il l’avenir du CHU Sainte-Justine ? « Il est mieux positionné que jamais! Plein de plateformes et d’infrastructures ont été améliorées. J’espère que l’URPP – la plus grosse unité du genre au Canada – va durer, que la culture d’évaluation des pratiques professionnelles va durer. Et il faut que le CHU garde une dimension communautaire, qu’il puisse servir sa communauté, avec une pratique générale. Je souhaite qu’il reste un milieu de soins et d’enseignements pluriels, capable de faire de tout. L’avenir est prometteur, tant qu’on se rappelle pourquoi on est là… Pour donner des soins aux patients, pour servir la population. »

Merci pour tout Jean-François !