Dans le cadre du 115e anniversaire du CHU Sainte-Justine, 115 personnes racontent leur histoire et comment l’établissement a marqué leur vie... Cet anniversaire souligne également les 85 ans d’existence du Centre de réadaptation Marie Enfant (CRME). Merci pour ces beaux témoignages, pour ces souvenirs de joie, de peine, de résilience et d’espoir. De nouvelles histoires à découvrir chaque mois!
Monique Desrochers
Un mal de ventre qui était plus qu’un mal de ventre. Une convalescence qui était plus qu’une convalescence. Monique se souvient.
Au début des années 1950, Monique habite le quartier ouvrier de Sault-aux-Récollets, à Montréal, où la pauvreté sévit durement. Elle est âgée d’environ 15 ans.
Un matin, Monique se réveille avec une terrible douleur au ventre. « Ma mère pensait que j’étais dans mes ‘’ affaires ‘’ – c’est ce qu’on disait à l’époque pour parler du cycle menstruel. Elle plaçait des serviettes, qu’elle avait d’abord chauffées près du four, sur mon ventre », se rappelle-t-elle.
Cependant, après quelques jours, la fièvre devient incontrôlable. Sa mère doit se rendre à l’évidence : il faut appeler le médecin pour sauver sa fille. Elle trouvera bien le moyen de régler les frais plus tard. Elle se précipite chez sa voisine (qui est aussi sa sœur) afin d’appeler les secours.
Le médecin ausculte Monique et fait immédiatement appeler l’ambulance : Monique souffre d’une péritonite. Sa vie est en danger.
Monique se remémore cette journée : « Je me souviens de m’être éveillée alors que j’étais attachée au brancard et que les ambulanciers me descendaient du deuxième étage, où était ma chambre, puis plus rien. Je reprends connaissance dans la salle d’opération et je reste figée à regarder médecin et infirmières autour de moi. Je n’ai pas peur, je crois que ce sont de bonnes personnes », confie-t-elle.
L’opération est un succès, mais la convalescence est longue : trois semaines sont nécessaires pour guérir la plaie.
La famille de Monique est pauvre et ne peut pas se permettre de perdre 40 minutes dans le tramway pour se rendre à l’hôpital. Monique ne reçoit donc aucune visite. « Je m’ennuyais ! », s’exclame-t-elle.
Les religieuses se rendent compte de la situation et proposent à Monique de lui apprendre à faire les lits avec « les coins carrés, dans les règles de l’art ». Elle conclut : « Si je me rappelle encore les promenades de la fondatrice, Mme Justine Lacoste-Beaubien, dans les couloirs de l’hôpital lors de ses visites, c’est l’aide que j’ai apportée aux infirmières qui demeure le souvenir le plus marquant de mon séjour à Sainte-Justine. »
Depuis son témoignage, Monique nous a quittés.
Nos hommages à vous, Monique, nos condoléances à votre famille.
© photos : courtoisie