Dans le cadre du 115e anniversaire du CHU Sainte-Justine, 115 personnes racontent leur histoire et comment l’établissement a marqué leur vie... Cet anniversaire souligne également les 85 ans d’existence du Centre de réadaptation Marie Enfant (CRME). Merci pour ces beaux témoignages, pour ces souvenirs de joie, de peine, de résilience et d’espoir. De nouvelles histoires à découvrir chaque mois!
Sophie Gravel et sa fille Roxanne
À Sainte-Justine, la résilience se vit au quotidien. Pour une mère et sa fille, elle se vit bien au-delà…
« Je restais des heures allongée sur le ventre, puis sur le dos, sans bouger », se remémore Sophie Gravel. C’était à la suite de son opération qui visait à traiter une scoliose, pour laquelle elle a été suivie de 1980 à 1985. « Je me considère comme une enfant de Sainte-Justine », dit-elle.
Et c’est durant ces cinq années qu’elle a eu un réel coup de foudre pour le milieu médical. Elle a d’abord pensé vouloir devenir anesthésiste; elle orientera finalement sa carrière en sciences infirmières.
Des années plus tard, en 1996, Sophie accouche de Roxanne à seulement 29 semaines de grossesse, et doit séjourner plusieurs mois à l’unité de néonatalogie du CHU Sainte-Justine. La petite naît avec une obstruction intestinale, appelée volvulus, et doit subir deux opérations – la première à seulement deux heures de vie. Pire encore, après deux hémorragies cérébrales, elle reçoit un diagnostic de paralysie cérébrale. Roxanne sera suivie au CHU Sainte-Justine ainsi qu’au Centre de réadaptation Marie Enfant pendant 18 ans de sa vie. Réadaptation, physiothérapie, plâtres et orthèses – pour réduire la raideur (spasticité) au niveau des jambes, améliorer la démarche et la mobilité –marqueront son enfance et son adolescence.
Parallèlement, Sophie poursuit sa carrière et, en 2010, elle gagne les rangs de Sainte-Justine en tant que chef de l’unité de néonatalogie – la même unité dans laquelle elle a vécu les mois les plus difficiles de sa vie – et accompagne les familles d’enfants prématurés. « J’avais décidé d’en faire ma mission », affirme-t-elle. Sophie occupe désormais la fonction de coordonnatrice de la trajectoire mère-enfant, toujours à l’unité de néonatalogie, de laquelle elle dit ne pas pouvoir se départir.
De son côté, Roxanne a toujours su qu’elle se destinait, professionnellement, à aider les autres. Pour rendre un peu de ce qu’elle avait reçu. Lorsqu’elle a dû faire du bénévolat à sa première année d’études collégiales pour devenir travailleuse sociale, il fallait que ce soit à Sainte-Justine. Et elle y a effectivement prêté main forte, au sein de presque tous les départements de soins pédiatriques.
Depuis 2020, Roxanne est technicienne en travail social au CHU Sainte-Justine, le seul poste du genre à l’hôpital. Elle s’occupe des familles dans le besoin pour tout l’établissement, mais elle passe aussi une bonne partie de son temps auprès des familles à l’unité de néonatalogie. À 25 ans, elle partage son vécu, elle donne espoir.
Ni Roxanne ni sa mère, Sophie, ne se voient travailler ailleurs qu’à Sainte-Justine. Parce que leur mission est gravée en elles.
© photos : courtoisie