L'équipe de la prévention des infections et les infectiologues : faire obstacle à la covid-19
Pendant la pandémie, l’équipe de la prévention des infections et les infectiologues
du CHU Sainte-Justine ont été au coeur de l’action. Non seulement pour informer et protéger le personnel et les patients, mais aussi pour prévenir de nouvelles infections.
Texte : Charlotte Doumayrou
En janvier 2020, déjà au fait qu’un nouveau virus sévissait en Chine, les infectiologues et l’équipe de prévention des infections (PCI) du CHU Sainte-Justine suivaient de près son évolution. Fin février 2020, le virus prenait pied au Québec et les événements ne cessaient de s’accélérer partout dans la province, y compris dans notre établissement.
L’équipe de la PCI n’a pas tardé à concentrer ses efforts sur le personnel de soins. « Notre priorité était de protéger notre personnel, mais aussi de mettre tout en place pour la sécurité des patients », affirme Nadia Desmarais, chef du service de prévention des infections au CHU Sainte-Justine.
C’est alors que la grande réorganisation a commencé. L’équipe de la PCI et les infectiologues ont mis de côté leurs activités habituelles pour se concentrer sur leur rôle de conseillers. Ils se sont réparti les unités ou secteurs de l’établissement de façon à soutenir l’ensemble des domaines. Chaque jour, un infectiologue était responsable de la pagette COVID afin de répondre aux questions du personnel. « C’était important aussi d’être présent dans les différentes unités pour rassurer et apporter des réponses directement », souligne Dre Valérie Lamarre, pédiatre infectiologue au CHU Sainte-Justine.
S’adapter
D’entrée de jeu, des protocoles ont été créés ou mis à jour pour s’adapter à la pandémie. De nombreuses formations ont été dispensées pour accroître la sensibilisation du personnel de soins à la prévention des infections et maximiser son autonomie par rapport aux nouvelles façons de faire.
Tous les matins, le Comité de coordination de mesures d’urgence (CCMU) se réunissait pour effectuer un suivi de la situation. C’était la seule rencontre formelle de la journée. Le reste du temps, les prises de décisions s’effectuaient sur le terrain, souvent dans l’urgence. « Le défi était de prendre des décisions très rapidement, tout en s’assurant qu’elles étaient sécuritaires », indique Nathalie Audy, conseillère en prévention et contrôle des infections au CHU Sainte-Justine. C’est ainsi qu’un centre de dépistage a été créé en 24 heures à peine, immédiatement après avoir appris que les cliniques désignées pour le dépistage n’accueillaient pas les enfants.
Des zones ont été installées et des lieux ont été transformés pour prévenir tout risque de propagation du virus. La création de zones froides, tièdes et chaudes a permis l’instauration d’un environnement sécuritaire grâce auquel on a pu orienter efficacement les patients qui nécessitaient des soins pendant cette période de grand confinement. Dès la mise en place des zones tièdes et chaudes, des infirmières en prévention des infections ont été mobilisées pour s’assurer du port adéquat de l’équipement de protection individuelle. La proactivité a été essentielle. Les directives de la Santé publique étaient certes suivies à la lettre, mais il fallait souvent faire preuve d’anticipation pour assurer un milieu de soins exemplaire répondant aux hauts standards du CHU Sainte-Justine. L’obligation du port du masque par l’ensemble du personnel en est un bon exemple.
Pendant cette première vague de la pandémie, l’équipe de prévention des infections a dû relever un défi majeur, celui de s’assurer que le personnel ne manque pas d’équipement de protection, compte tenu de la compétitivité croissante du marché à cet égard. La collaboration avec Sâad Benguerrah, adjoint au directeur de l'approvisionnement et de la logistique, et son équipe a été déterminante afin de garantir la protection du personnel.
Des conditions gagnantes
Au CHU Sainte-Justine, certains facteurs ont fait toute la différence. Le personnel étant depuis plusieurs années sensibilisé à la prévention des infections, il possédait déjà un bon bagage de connaissances pour affronter la pandémie de façon sécuritaire. De plus, la collaboration déjà bien établie entre l’équipe de la PCI, les infectiologues et les unités de soins a grandement facilité le travail lorsque la COVID-19 a gagné le territoire québécois. Tous les témoignages recueillis mettent l’accent sur l’esprit d’équipe qui régnait à tous les étages de l’hôpital. Cet esprit d’équipe a été un facteur de succès tant dans la mise en oeuvre des mesures de prévention et de protection que dans la rapidité de leur application.
Malgré la diminution du nombre de cas de COVID-19 au Québec au cours de l’été, les équipes sont demeurées vigilantes et ont suivi avec attention l’évolution de la pandémie. Si une deuxième vague devait survenir, les équipes seraient prêtes à y faire front, fortes de l’expérience tirée de la première vague.