Le psychosocial au coeur de la tempête
La pandémie de coronavirus a chamboulé nos vies et tout ce que l’on tenait pour acquis. Le contexte dans lequel nous avons évolué a entraîné de nombreuses préoccupations au chapitre de la santé, y compris de la santé psychologique.
Les spécialistes du sujet reconnaissent quatre ingrédients qui sont associés au stress : le manque de contrôle, l’imprévisibilité, la nouveauté et l’égo menacé*. Il est très rare que tous ces éléments soient réunis. C’est pourtant ce qui s’est produit dans le contexte de la COVID-19. En fonction des tempéraments et des prédispositions au stress, chaque personne a réagi différemment. Mais dans ces circonstances exceptionnelles, personne n’est resté indifférent.
Un soutien psychologique
Soucieuse du bien-être psychologique de ses employés et ses médecins, la direction du CHU Sainte-Justine a rapidement mis sur pied une cellule psychosociale pour soutenir ses patients, leurs familles et son personnel dans cette période hors du commun.
Mise sur pied en moins de 48 heures, la cellule psychosociale a pu compter sur la profonde adhésion des psychologues et des travailleurs sociaux, qui n’ont pas hésité à se porter volontaires pour aider leurs collègues. Sept jours sur sept, le personnel du CHU et du Centre de réadaptation Marie Enfant (CRME) pouvait joindre par téléphone un professionnel prêt à leur offrir du soutien. Les préoccupations du personnel portaient principalement sur la forte anxiété ressentie, les difficultés de la conciliation travail/famille, l’ostracisation des professionnels de la santé dans leur milieu personnel et les questionnements sur la meilleure façon d’expliquer la pandémie aux enfants.
Par l’écoute, les psychologues et travailleurs sociaux du CHU Sainte-Justine ont soutenu leurs collègues en validant l’expérience vécue, en aidant les gens à comprendre la situation qu’ils vivaient et en les aidant à explorer des pistes de solutions. Ces interventions ont permis aux employés qui ont fait appel à ce service de trouver des stratégies, de s’outiller pour mieux composer avec la situation, de gérer le stress occasionné par la COVID-19 tant sur le plan personnel que professionnel, et ainsi reprendre le contrôle de la situation.
Outre le soutien offert par la cellule, on a pu constater que le soutien collectif a joué un grand rôle au sein de notre établissement et dans la population en général. Le fait de parler d’une situation avec un collègue ou un proche peut s’avérer très libérateur et peut nous aider à voir plus clair dans notre anxiété.
En offrant des solutions à ses employés, le CHU Sainte-Justine a démontré qu’il était tout à fait légitime d’éprouver des difficultés dans une période aussi exceptionnelle. La présence du service de soutien et de toutes les mesures mises en place par l’établissement ont joué un rôle positif pour rassurer le personnel.
Pour répondre aux besoins de la population, de la clientèle et des intervenants, et pour aider les enfants et les parents à gérer l’anxiété, les différents canaux de communication du CHU Sainte-Justine ont diffusé du matériel développé à cette fin par Sophie Leroux, psychologue au CHU Sainte- Justine. La psychologue soutient que les enfants sont très sensibles aux réactions des parents et que durant cette période, ils ont fait preuve d’une belle capacité d’adaptation. Mais il ne fait aucun doute que la reprise d’une vie un peu plus normale leur fait le plus grand bien.
Et maintenant?
Selon Carole Lane, chef du service des psychologues, nous sommes collectivement arrivés au stade où nous nous adaptons à cette nouvelle réalité et aux contraintes qu’entraîne la pandémie. À l’instar de la courbe qui s’est aplatie, la période initiale de crise s’est résorbée et nous vivons maintenant une situation chronique. Nous avons trouvé des repères, nous nous ajustons, nous changeons nos façons de faire et nous nous adaptons aux renoncements que nous devons faire.
*La chercheuse en neuroscience Sonia Lupien a vulgarisé et contribué à le faire connaître.