Quelques chiffres
On estime qu’une femme sur 5 vivra un épisode de dépression majeure dans sa vie.
Les troubles de l’humeur sont communs durant la grossesse et la période du postpartum; on estime en effet qu’entre 7 % et 12 % des femmes en souffriront.
Les femmes atteintes d’un trouble bipolaire sont à haut risque de développer un trouble de l’humeur durant la période post-partum. Les troubles de sommeil éprouvés durant la grossesse et la période post-partum pourraient contribuer au déclenchement du trouble de l’humeur.
Les conséquences sur la grossesse et le post-partum
Les femmes avec des troubles de l’humeur laissés sans traitement sont à haut risque de complications graves telles que l’incapacité à prendre soin de soi et des autres, les idéations psychotiques et, au pire, le suicide et l’homicide.
Le tabagisme, la consommation d’alcool et d’autres drogues sont fréquents dans cette population, et cela augmente les risques de complications dans le développement du foetus.
Les désordres psychiatriques tels que les troubles bipolaires et la schizophrénie sont associés à des complications de grossesse graves (décès périnatal de l’enfant à naître, petits poids de naissance et prématurité, notamment).
Certains médicaments utilisés pour ces conditions psychiatriques sont associés à un
risque de malformation congénitale :
- Les anticonvulsivants stabilisateurs de l’humeur (acide valproïque et carbamazépine) et le traitement standard de la maladie bipolaire (lithium).
- Les inhibiteurs de la sérotonine tels que la paroxétine semblent aussi être associés à un risque de malformation congénitale, en particulier les malformations cardiaques.
- Les inhibiteurs de la sérotonine sont également associés à un risque d’hypertension pulmonaire persistante chez l’enfant.
- Il semble y avoir une association entre l’exposition in utero aux agents antipsychotiques et le retard neurodéveloppemental. De plus, certains agents antipsychotiques sont associés à une augmentation du risque de diabète gestationnel à cause de la résistance à l’insuline et du gain de poids qu’ils causent.
Diagnostic
Le diagnostic repose sur la présence d’au moins 5 des 9 symptômes clés durant une grande partie de la journée étalés sur une période d’au moins 2 semaines. Plusieurs échelles sont utilisées pour évaluer ces symptômes : Edinburgh Postnatal Depression Scale (EPDS), Inventory of Depressive Symptomatology (IDS), ou Primary Care Evaluation of Mental Disorders (PRIME-MD).
Le suivi
Le suivi médical de la grossesse de la période post-partum doit se faire en collaboration avec le psychiatre, le psychologue, l’infirmière et l’obstétricien.
L’usage de médicament peut être essentiel et nécessaire durant la grossesse afin d’assurer une issue favorable tant du point de vue maternel que pour l’enfant à naître. Il faut cependant être prudent avec l’usage du lithium à cause de ses effets potentiels sur le nouveau-né : difficulté respiratoire, complications neuromusculaires, arythmies et dysfonction rénale et hépatique. Certains experts recommandent de cesser le lithium 24 heures avant la naissance pour éviter les complications maternelles d’intoxication post-partum.
L’allaitement est souhaitable pour ses bénéfices nutritionnels, cognitifs et psychologiques et de protection contre les infections. La plupart des médicaments pourront être utilisés durant la période de lactation. Il faudra vérifier avec l’obstétricien et le pédiatre si l’allaitement est possible lors de la prise de médicaments.
La prévention
Pour prévenir les malformations congénitales, l’usage d’acide folique (1 mg par jour) est recommandé durant la période périconceptionnelle.
Avant de devenir enceinte, on doit s’assurer que la condition médicale soit très bien maîtrisée avec le moins de médicaments possible et avec les doses optimales les plus faibles possible.
De saines habitudes de vie sont à adopter :
- Cesser l’usage du tabac, de l’alcool et des autres substances illicites ;
- Faire de l’exercice ou de la méditation et tenter d’avoir de bonnes nuits de sommeil.