MONTRÉAL, le 9 juin 2022 – La crise cardiaque provoque des lésions qui varient selon la durée de l’interruption de la circulation sanguine vers le cœur. Privées temporairement d’oxygène, les cellules cardiaques meurent. Et l'incapacité du cœur humain à reconstituer son tissu entraîne une insuffisance cardiaque, qui constitue la principale cause de mortalité et de morbidité dans le monde.
Contrairement aux mammifères, le poisson zèbre adulte possède l’étonnante faculté de régénérer son tissu cardiaque endommagé. Les plus récents travaux du chercheur Rubén Marín-Juez, nouvelle recrue du Centre de recherche du CHU Sainte-Justine et professeur à l’Université de Montréal, lèvent le voile sur des mécanismes complexes qui permettent à cet animal de «réparer son cœur» après une lésion. Une découverte qui offre une perspective prometteuse quant aux avenues thérapeutiques de la revascularisation et de la régénération cardiaque chez l’humain.
Ces résultats ont récemment fait l’objet d’une publication dans la prestigieuse revue scientifique Circulation Research.
Une protéine porteuse d’espoir
Les vaisseaux coronaires servent au transport du sang. Mais chez le poisson zèbre adulte, ils sont également essentiels à la prolifération et à la cicatrisation des cellules du muscle cardiaque. C’est en fait la blessure elle-même qui entraînerait, sur-le-champ, une réponse régénératrice des cellules des vaisseaux coronaires, nécessaire à la reconstitution du tissu.
Dans sa plus récente publication, l’équipe internationale de recherche s’est penchée sur la mise au jour et l’interaction des molécules permettant cette réponse régénératrice. Plus précisément, elle a étudié la signalisation cellulaire responsable de la prolifération des cellules des vaisseaux coronaires. C’est en manipulant l’action et l’expression de molécules qu’elle a pu désigner les protéines Emilin2a et Cxcl8a comme des acteurs clés de la revascularisation et de la régénération du tissu cardiaque.
«Nous savions déjà qu’après une lésion cardiaque le facteur de croissance endothélial vasculaire C [Vegf] était régulé à la hausse chez le poisson zèbre adulte et que cet élément jouait un rôle dans la régénération cardiaque. Or, nous avons découvert que la signalisation de Vegfc favorise l’expression de la protéine Emilin2a qui, à son tour, favorise l’expression de la protéine Cxcl8a. Nous avons également découvert que la manipulation de l’expression de la protéine Emilin2a peut moduler à elle seule la réponse régénératrice des cellules du muscle cardiaque. Cette découverte permettra d’étudier le potentiel de cette molécule aux fins de traitement pour les personnes qui ont subi des dommages cardiaques», affirme le chercheur Rubén Marín-Juez.
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À propos de l’étude
L’article «A Vegfc-Emilin2a-Cxcl8a Signaling Axis Required for Zebrafish Cardiac Regeneration», par Hadil El-Sammak, Bingyuan Yang, Stefan Guenther, Wenbiao Chen, Rubén Marín-Juez et Didier Y. R. Stainier, a été publié le 29 avril 2022, dans la revue scientifique Circulation Research.
Le laboratoire de Rubén Marín-Juez bénéficie d'un fonds de démarrage de la Fondation CHU Sainte-Justine.
À PROPOS DU CENTRE DE RECHERCHE DU CHU SAINTE-JUSTINE
Le Centre de recherche du CHU Sainte-Justine est un établissement phare en recherche mère-enfant affilié à l’Université de Montréal. Axé sur la découverte de moyens de prévention innovants, de traitements moins intrusifs et plus rapides et d’avenues prometteuses de médecine personnalisée, il réunit plus de 210 chercheurs, dont plus de 110 chercheurs cliniciens, ainsi que 450 étudiants de cycles supérieurs et postdoctorants. Le centre est partie intégrante du Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine, le plus grand centre mère-enfant au Canada.
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