MONTRÉAL, le 12 juillet 2022 – Une étude réalisée par l’équipe du Dr Alexey V. Pshezhetsky, directeur du Laboratoire Elisa Linton pour la recherche sur la maladie de Sanfilippo au Centre de recherche du CHU Sainte-Justine, présente une avenue thérapeutique potentielle pour les patients atteints de cette rare dégénérescence nerveuse d'origine génétique affectant les enfants et adolescents. Les résultats ont récemment fait l’objet d’une publication dans la prestigieuse revue scientifique Journal of Experimental Medicine.
La maladie de Sanfilippo entraine une perte progressive des acquis physiques et neurologiques, jusqu’à un décès prématuré, souvent avant l’âge de 15 ans. « C’est une des maladies les plus terribles, car vous voyez votre enfant décliner et vous ne pouvez pas le freiner. C'est comme avoir l’Alzheimer à 10 ans », affirme le Dr Pshezhetsky, également professeur à l’Université de Montréal.
Réparer des enzymes mutantes à l'aide de chaperons moléculaires
La majorité des patients atteints de la maladie de Sanfilippo présente des mutations génétiques entrainant la production d’enzymes — une forme de protéine — dont la structure tridimensionnelle ne se replie pas correctement. Par cette anomalie, certains composés, normalement éliminés ou recyclés par l’organisme, se concentrent dans les cellules et provoque la pathologie.
L’existence de chaperons moléculaires, qui favorise le repliement adéquat d’autres protéines, a stimulé les recherches sur le traitement de maladies génétiques rares. De fait, la récente étude du Dr Pshezhetsky a démontré que, dans la plupart des cas, l'enzyme mutante peut être restaurée par traitement de chaperons moléculaires.
Sur des modèles de murins présentant cette anomalie enzymatique, la perte de mémoire et la plupart des changements pathologiques chez les souris ont pu être améliorés, voire bloqués par des doses quotidiennes d’un chaperon : la glucosamine orale.
Selon le Dr Pshezhetsky : « Ces résultats prouvent que la thérapie par chaperons peut être un traitement efficace de la maladie de Sanfilippo, particulièrement pour les patients atteints de mutations provoquant un mauvais repliement de l'enzyme. Malheureusement, les concentrations de glucosamine que nous avons administrées aux souris sont dangereuses pour les humains. Ainsi, nous devons identifier des chaperons plus puissants pour réduire les concentrations de médicament à administrer, tout en conservant l’efficacité de la thérapie. »
Actuellement, avec des chercheurs de l'Université d'Alberta, l’équipe du Dr Pshezhetsky travaille au développement de médicaments plus puissants modelés sur la molécule de glucosamine. Cette recherche est soutenue par la subvention d'équipe du Canadian Glycomics Network (Glyconet).
Au Québec, le CHU Sainte-Justine est responsable du diagnostic et du traitement de près de 70 % des cas de maladies rares. Il se place comme chef de file mondial pour la contribution à l’avancement des connaissances et le développement de nouvelles approches thérapeutiques pour la prévention, le diagnostic et le traitement de ces maladies, plus particulièrement en pédiatrie.
Mises en garde
Comme mentionné plus haut, les concentrations de glucosamine administrées aux souris dans le cadre de cette étude sont dangereuses pour l’humain. En aucune circonstance une personne atteinte de la maladie ne devrait consommer les produits de glucosamine offerts en vente libre sans consulter un médecin.
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À propos de l’étude
L’article « Glucosamine amends CNS pathology in mucopolysaccharidosis IIIC mouse expressing misfolded HGSNAT», par Xuefang Pan, Mahsa Taherzadeh, Poulomee Bose, Rachel Heon-Roberts, Annie L.A. Nguyen, TianMeng Xu, Camila Pará, Yojiro Yamanaka, David A. Priestman, Frances M. Platt, Shaukat Khan, Nidhi Fnu, Shunji Tomatsu, Carlos R. Morales et Alexey V. Pshezhetsky, a été publié le 15 juin 2022 dans la revue scientifique Journal of Experimental Medicine. Cette étude a été financée par les Instituts de recherche en santé du Canada, le fond Elisa Linton pour la recherche sur la maladie de Sanfilippo (Fondation CHU Sainte-Justine), la Fondation JLK, la Fondation Jonah’s Just Began, la Canadian Glycomics Network ainsi que la Sanfilippo Children’s Foundation (Australie).
À PROPOS DU CENTRE DE RECHERCHE DU CHU SAINTE-JUSTINE
Le Centre de recherche du CHU Sainte-Justine est un établissement phare en recherche mère-enfant affilié à l’Université de Montréal. Axé sur la découverte de moyens de prévention innovants, de traitements moins intrusifs et plus rapides et d’avenues prometteuses de médecine personnalisée, il réunit plus de 210 chercheurs, dont plus de 110 chercheurs cliniciens, ainsi que 450 étudiants de cycles supérieurs et postdoctorants. Le centre est partie intégrante du Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine, le plus grand centre mère-enfant au Canada.
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