Depuis 30 ans, la physiothérapeute Nathalie Villeneuve attend chaque rentrée scolaire avec la même fébrilité et la même passion qu’à ses tout débuts. «Je vous le dis : j’ai la chance de travailler dans l’école la plus lumineuse au monde!»
Bien qu’elle soit employée de Sainte-Justine, c’est à l’école Victor-Doré que Nathalie Villeneuve se rend travailler chaque matin. Plus qu’un simple établissement d’enseignement, Victor-Doré accueille quelque 200 élèves du primaire aux prises avec un handicap sévère et venant d’aussi loin que Joliette et Saint-Hyacinthe.
Parallèlement aux activités scolaires, une équipe multidisciplinaire de professionnels du CHU Sainte-Justine accompagne ces enfants pour assurer leur bien-être et leur sécurité, en plus de les outiller pour maximiser leur développement et leur autonomie. Ergothérapeutes, infirmiers, inhalothérapeutes, équipe psychosociale, préposés aux bénéficiaires et mécaniciens de fauteuils roulants accompagnent l’équipe de physiothérapeutes dans cette grande aventure. Ils permettent ainsi aux enfants d’avoir accès aux services dont ils ont besoin au quotidien sans s’absenter de l’école.
«Ici, c’est un réel milieu de vie, c’est rempli de défis!», décrit avec enthousiasme Nathalie Villeneuve, tombée en amour avec les patients-élèves de Victor-Doré au cours d’un stage de fin d’études.
Une fois son diplôme décroché, elle est vite revenue pratiquer à cette école. «Travailler avec les autres clientèles était intéressant mais je m’ennuyais des enfants. Ils sont heureux d’être à l’école et de vivre leur normalité. Je voulais contribuer à leur épanouissement et optimiser leur potentiel d’autonomie», raconte Nathalie Villeneuve, alors qu’une petite s’exerce sur un gros ballon du coloré gymnase de physiothérapie.
«Mon rôle de physiothérapeute à Victor-Doré implique bien sûr des interventions en gymnase. On vise à maximiser le développement moteur global de chaque enfant, en passant par le jeu », résume Nathalie Villeneuve. Toujours dans cette optique, l’équipe de physiothérapeutes profite également de chaque occasion – les déplacements dans les corridors, les fêtes, les activités du quotidien – pour travailler les objectifs personnalisés à chacun.
Pour un enfant, cet objectif peut être de marcher un jour. Pour un autre, on vise plutôt une série de victoires qui lui permettront de gagner en autonomie et, petit à petit, d’alléger son quotidien et celui de son entourage. On parle par exemple de se retourner seul dans son lit sans l’aide d’un parent ou d’effectuer seul des transitions entre sa marchette et une chaise.
Entre les exigences scolaires, les thérapies des différents professionnels et les soins qui ponctuent le quotidien des enfants, les parents constituent aussi des collaborateurs essentiels pour Nathalie Villeneuve. « En exprimant leurs besoins ou en me partageant leurs observations, ils deviennent ma bougie d’allumage », illustre la physiothérapeute, qui tente alors d’adapter les objectifs des enfants à leur réalité familiale.
« Le parcours d’un enfant à Victor-Doré dure généralement sept ans. Au cours de cette période, nous tissons de forts liens avec les enfants et les familles. C’est toujours avec un mélange de tristesse et de fierté que nous les voyons compléter ce parcours avec nous afin de poursuivre leur cheminement au secondaire », souligne avec émotion Nathalie Villeneuve.
Une nouvelle étape de vie où ces petits devenus grands se retrouveront aussi entre bonnes mains : une autre équipe de professionnels du CHU Sainte-Justine les attend à quelques mètres de là, à l’école secondaire Joseph-Charbonneau.