À l’occasion de la Journée internationale des femmes de science, le CHU Sainte-Justine vous présente le premier d’une série de portraits de femmes œuvrant pour les patients et la science dans notre établissement.
Lorsqu’elle a commencé ses études universitaires, Sylvie Girard ne pouvait concevoir « qu’un bébé naisse avec un problème cérébral ». Chercheuse depuis plus de quatre ans au Centre de recherche du CHU Sainte-Justine, elle s’investit afin de comprendre le lien entre un placenta « malade », ses conséquences sur le cerveau du bébé et sur la santé de la mère. Un sujet qui lui tient manifestement à cœur.
« Le placenta est une véritable fenêtre ouverte sur le développement du bébé et la grossesse, illustre l’immunologue de formation. En l’analysant, il est possible de déceler si le placenta a été endommagé par une infection, une inflammation ou un stress marquant. » Le bébé court alors le risque d’avoir été exposé à des molécules inflammatoires ou à un manque de nutriments, de nourriture ou d’oxygène, ce qui augmente les risques de dommages cérébraux chez les bébés et, par le fait même, les risques de paralysie cérébrale ou de troubles du spectre de l’autisme.
« Ce que l’on cherche à découvrir, c’est pourquoi il y a des placentas malades. En les analysant, il serait possible d’aider nos collègues médecins en identifiant les grossesses problématiques et les bébés qui sont le plus à risque de souffrir de dommages cérébraux », ajoute la détentrice de trois post-doctorats, qui se décrit comme « émotionnellement attachée à ses recherches ». Il serait alors possible d’aider ces enfants en envisageant un suivi médical plus serré et en intervenant plus tôt.
Ultimement, en traitant le placenta « malade », on pourrait aider le bébé in utero et minimiser les dommages, y compris pour la mère. « Je suis une femme qui travaille pour la santé des femmes. Mon but, c’est aussi de les aider. »
À l’heure actuelle, explique Sylvie Girard, la recherche sur la santé des femmes en lien avec la grossesse est peu avancée. « On ne sait même pas si le système immunitaire de la mère revient à la normale après la naissance de son enfant. L’étude des mères et de leur placenta nous permettrait de diagnostiquer plus rapidement de potentielles maladies chez la mère. »
Femmes et sciences : une question de perceptions
À l’image du mentor féminin qui a fortement influencé son cheminement, Sylvie Girard préfère se décrire comme une « scientifique » plutôt qu’une femme de science.
C’est d’ailleurs ce qu’elle tente d’inculquer aux femmes qui travaillent dans son laboratoire. « Les femmes sont en minorité en sciences, c’est vrai. Je souhaite que les chercheuses qui travaillent avec moi deviennent des scientifiques fortes. Oui, elles sont des femmes, et c’est excellent, car il n’y en a pas assez en recherche scientifique. »