La complicité qui unit Émilie Allard-Villeneuve, infirmière pivot à la clinique externe d’hémato-oncologie du CHU Sainte-Justine, et Dre Sophie Mottard, chirurgienne orthopédiste-oncologue, transparait dès que l’une aborde l’autre.
Il faut dire qu’elle s’est installée immédiatement, une sorte de coup de foudre amical et professionnel, en somme. « Au jour 1, on était amies, affirme Émilie. La relation s’est développée vraiment rapidement ». Sophie renchérit : « Émilie et moi, on est comme tombées en amour l’une avec l’autre, c’est incroyable ».
Les deux professionnelles se sont spécialisées en sarcomes, un rare cancer des tissus mous ou osseux qui peut apparaître dans tout le corps, difficile à diagnostiquer et aux traitements exigeants. « On a la même vision [au travail], soutient Émilie. Le diagnostic amène un changement énorme dans la vie des familles, donc je pense que notre mission d’aider ces familles-là est vraiment la même. » S’impliquer autant auprès des patients peut toutefois susciter des moments plus difficiles, vu l’intransigeance de la maladie. « Émilie est comme ma psychologue au travail, admet la chirurgienne réputée. Elle a un don de dédramatiser les choses, c’est incroyable. Je pense que ça ne s’apprend pas, je pense qu’elle est vraiment juste parfaite! ».
Le temps n’a nullement gommé la passion du travail et des patients pour Émilie. « J’aime tellement ça. […] Mille patients [m’ont marquée]. C’est fou ce qu’on apprend en ayant un contact avec eux et avec les familles. Il n’y en a pas un que je vais oublier. » Le milieu, qui peut sembler triste ou lourd pour ceux qui ne le connaissent pas, est en fait tout l’inverse : les patients sont contents de se rendre à l’hôpital, ils jouent dans les corridors, sautent dans les bras des infirmières qui les suivent parfois pendant des années. « Ça, c’est entre autres grâce à Émilie » lance avec assurance Dre Mottard.
Ce lien fort qui se développe avec le patient, c’est ce qui a poussé l’infirmière spécialisée en oncologie. Elle tire sa plus grande fierté dans le fait de connaître la famille entière de ses patients, d’offrir du soutien dans les moments les plus difficiles et de réussir à leur décrocher un sourire malgré tout. « Elle est faite pour ça, je ne la vois pas faire autre chose que ça dans la vie. […] Le fait qu’elle ne juge pas [ses patients] et qu’elle n’impose pas ses propres valeurs, ça j’ai rarement vu ça en médecine. Vraiment », souligne Dre Mottard.
Elle nomme en exemple un patient adolescent qui venait seul à ses rencontres et pour lequel Émilie allait acheter de la nourriture avant ses traitements, à sa demande. « Ça a été la mère de ce gars-là, mais en même temps, elle l’a amené à se responsabiliser. »
Dans le futur, Émilie souhaite aussi relever de nouveaux défis : « Je sais que [Sophie] va me solliciter quand il va y avoir un débouché en recherche sur les sarcomes pédiatriques, ce qui m’intéresse. » Aucun doute à ce sujet, à en voir l’affection et l’estime tangibles qu’exprime sa collègue : « Émilie, c’est comme la femme la plus extraordinaire de la planète ».