Par Florence Meney
En marge de la Troisième journée d’éthique clinique, qui accueillait des conférenciers, des experts et des membres du public au CHU Sainte-Justine le 17 janvier autour des enjeux cliniques liés à la santé mentale, nous mettons aujourd’hui la lumière sur la Coordonnatrice de l’Unité d’éthique mère-enfant du CHU Sainte-Justine, qui joue un important rôle de soutien et de conseil quant aux approches et aux pratiques en matière d’éthique pour nos patients, nos familles et notre personnel ou nos équipes.
A priori, évoquer le domaine de l’éthique clinique peut faire surgir un ensemble de notions graves et complexes, un peu abstraites pour le commun des mortels. Pourtant, chaque occasion de rencontre avec Marie-Claude Levasseur met en relief le feu qui émane de cette dernière quand elle parle de son champ d’activité :
« J’ai toujours eu la passion des soins, la passion aussi d’aider dans les cas de maladies graves, de situations complexes. J’ai souvent pris acte de la chance que j’ai d’être en bonne santé, et devant l’iniquité de la vie, du destin qui frappe certains enfants, certaines familles, j’ai toujours senti que je devais être solidaire et me battre à leurs côtés. Je ne soulignerai jamais assez l’énorme admiration et respect que j’ai pour les familles qui font face à la maladie grave de leur enfant. Pour trouver un sens à ma vie, je dois faire partie du combat, avec eux, et dans mon rôle j’ai pleinement le sentiment de remplir ma mission ».
En travaillant en éthique clinique à Sainte-Justine, cette infirmière qui a fait des études poussées en éthique (et les poursuit encore) sent donc que son bagage professionnel et son action sont utiles et en adéquation avec ses valeurs fondamentales :
« Quand on est infirmière, soignant, souvent les gens du public nous demandent comment l’on fait pour supporter la souffrance du milieu hospitalier en pédiatrie. Effectivement c’est difficile, mais tellement riche en même temps. Quand on a la chance de travailler auprès d’eux, on réalise qu’eux aussi nous font un cadeau précieux, celui d’apprécier chaque jour ».
Elle chérit la chance qu’elle a de travailler dans un centre de soins pédiatriques unique au sein duquel elle est souvent témoin du courage des patients et de leurs proches, mais également de la grande dévotion des équipes qui donnent leur cœur dans des contextes souvent très difficiles.
«Mon évolution vers l’éthique s’inscrit dans cette démarche de solidarité et de compréhension d’enjeux complexes ».
Son travail, qui coordonne l’action de 19 personnes autour de l’Unité d’éthique clinique, propose ouverture d’esprit, dialogue et écoute qui constituent des prérequis d’une culture éthico-organisationnelle saine. Avec les autres membres de l’Unité, celle qui a collaboré à l’élaboration du Code d’éthique de l’institution, est en effet appelée à intervenir en situation de conflit de valeurs, de divergences d’opinions ou de tensions.
« Nous sommes là pour créer des espaces de réflexions et de discussions et pour soutenir les équipes dans les situations difficiles qui comportent des enjeux éthiques. À travers cela, pour promouvoir aussi une approche valorisant le partenariat entre nous et envers nos familles ».
Elle est particulièrement fière de la démarche qui a sous-tendu la «naissance» du Code d’éthique, bâti à partir des valeurs du personnel ainsi que des patients et des familles. Elle concentre maintenant ses efforts sur l’appropriation de ces valeurs et de leur signification dans les gestes au quotidien au quotidien.
Sainte-Justine est pour elle un lieu privilégié pour faire progresser les façons de faire et la compréhension des questions d’éthique les plus brûlantes :
« On avance aussi dans notre maturité comme établissement. Bien que nous soyons un milieu avec beaucoup de possibilités technologiques, nous devons continuer de valoriser des espaces de réflexions impliquant les membres des équipes multidisciplinaires, même si parfois le temps nous manque ».
L’éthique clinique en bref
L’éthique dans le contexte des soins est appelée éthique clinique. Elle traite des enjeux d’ordre éthique se posant surtout dans la pratique des intervenants de la santé. Ces questions peuvent toucher les patients ou leurs familles, les soignants ou les gestionnaires d'un établissement.
Le but de l’éthique clinique est d’améliorer la qualité des soins offerts au patient ainsi que la qualité du travail des intervenants cliniques par une approche interdisciplinaire en identifiant, analysant et proposant des pistes de solutions concernant les problèmes éthiques qui se posent en pratique clinique.