Le bulletin d’information du Centre de recherche du CHU Sainte-Justine |
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ÉDITION SPÉCIALE 90e CONGRÈS DE L'ACFAS JOUR 4
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Une journée sous le thème des données
Aujourd'hui, les colloques de nos chercheuses et chercheurs ont permis de réfléchir en profondeur à l'importance des données et aux défis de leur collecte et de leur utilisation. Un premier colloque a abordé cet enjeu sous l'angle des déterminants périnataux de la santé, alors qu'un second a exploré l'univers de l'intelligence artificielle et de l'apprentissage machine pour l'aide à la décision clinique.
Photo © CHU Sainte-Justine (Charline Provost)
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Déterminants périnataux de la santé
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Des données essentielles, mais difficiles à obtenir
De ce colloque organisé par Sylvana Côté et Dre Anne Monique Nuyt (CHU Sainte-Justine), un consensus global se dégage : si les données administratives sont essentielles pour la recherche, pour la prise de décision et pour l’avancement des soins de santé, leur utilisation implique « un véritable parcours du combattant ».
« Chaque fois, [après chaque projet] nous devons détruire les données liées à la cohorte alors que les informations seraient directement utilisables pour d’autres questions de recherche. » ‐ Sylvana Côté.
Photo © Courtoisie
Pour Dre Thuy Mai Luu, l’identification des différentes variables à l’étude est également complexe et nécessite beaucoup de recherche. « Nous avons décidé de maintenir une cohorte de recherche active afin de pouvoir s’en servir plus tard ».
Dre Isabelle Boucoiran suggère pour sa part de créer une banque de données :
« Les questions de recherche sur la femme enceinte, par exemple, nécessitent des collaborations multicentriques qui requièrent des ententes de recherche particulières et des autorisations qui prennent des mois, voire des années à obtenir. Pourrait-on créer une banque de données que nous aurions simplement à interroger? » – Dre Isabelle Boucoiran
Photo © CHU Sainte-Justine (Stéphane Dedelis)
En ce sens, la cohorte CAMCCO est un avancement significatif pour les recherches sur les déterminants périnataux de la santé :
« Notre cohorte CAMCCO passera de 500 000 grossesses à bientôt 7 millions, nous permettant de tirer des conclusions valides sur des événements souvent très rares. La base de données CAMCCO a apporté plusieurs impacts positifs au Québec, par exemple sur le tabagisme ou la possibilité de réagir à des signaux alarmants comme la prise de médicaments tératogènes par les femmes ne se sachant pas enceintes. » – Anik Bérard
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La santé des mères et enfants en temps de COVID
Abordant le contexte spécifique de la pandémie de COVID-19 et des mesures sanitaires associées, les panélistes ont mis en lumière le rôle clé des données et de la recherche pour l'identification de situations problématiques et la prise de décision.
« Malgré les difficultés, nos chercheurs ont révélé des informations essentielles liées à la santé des enfants. En mars 2020, une période très sombre de la pandémie, la proportion des adolescents se présentant aux urgences pour des problèmes de santé mentale est passée à 20 % des visites, du jamais vu dans nos milieux hospitaliers au Québec. » – Dr Olivier Drouin
Photo © Courtoisie
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Intelligence artificielle et aide à la décision clinique en soins aigus de l’enfant
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Les défis et limites de l'apprentissage machine
Organisé par Philippe Jouvet (CHU Sainte-Justine) et Rita Noumeir (ÉTS), ce colloque était l'occasion de mettre en commun les expertises et d’échanger sur les besoins et les solutions en développement dans le domaine de l'intelligence artificielle (IA) et de stimuler la co-construction de connaissances sur l’IA appliquée aux soins aigus de l’enfant.
Dr Michaël Sauthier (CHU Sainte-Justine) a présenté plusieurs limites actuelles de l’IA et de l’apprentissage machine pour les systèmes d’aide à la décision clinique en soins aigus de l’enfant, comme les questions de rentabilité, d’efficacité, de performance et de fiabilité. Il aborde aussi l’enjeu de l’accessibilité des données, central dans le contexte des soins aigus pédiatriques, pour lequel on a de petites cohortes avec beaucoup d’exceptions :
« En termes d’efficacité, l’apprentissage machine, l’intelligence artificielle, ça prend des cohortes absolument gigantesques pour que ça marche. […] C’est un problème. En soins intensifs pédiatriques, on a des petites cohortes, avec beaucoup d’exceptions. Ça rend la tâche très difficile. On peut avoir des cohortes sur 10 ans avec une maladie où ça va nous offrir 50 patients. Ça, c’est un nombre qui fait peur pour les scientifiques des données! » - Dr Michaël Sauthier
Photo © Courtoisie
La Dre Geneviève Du Pont-Thibodeau (CHU Sainte-Justine) a par la suite illustré les difficultés de l'extraction automatique de données grâce à l'IA, à travers le projet OpTTICCA, qui regroupe plusieurs centres pédiatriques.
« Les centres n’utilisent pas tous le même logiciel [pour les dossiers informatisés de patientes et patients], et il faut rédiger des algorithmes spécifiques pour chaque logiciel! Vous pouvez imaginer le casse-tête que ça implique. » - Dre Geneviève Du Pont-Thibodeau
Photo © CHU Sainte-Justine (Charline Provost)
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Applications de l'IA pour les soins aigus pédiatriques
Le chercheur Martin Smith (CHU Sainte-Justine), qui s'intéresse à l’intégration de la génomique en temps réel aux soins intensifs, s'est réjoui des avancées réalisées dans le domaine du séquençage accéléré du génome et l’étude de ses variations pour diagnostiquer les maladies.
« Pour les maladies aiguës comme le syndrome de réponse inflammatoire systémique, il est désormais possible de faire des analyses en temps réel pour déterminer l’origine virale, bactérienne ou auto-immune de la maladie. Pour les cancers pédiatriques de la moelle osseuse, des résultats de tests qui demandaient deux semaines à obtenir avec un coût de 4000 $ peuvent maintenant être réalisés en quelques minutes au coût de 80 $. Les progrès sont sensationnels! » ‐ Martin Smith
Photo © Courtoisie
Dans une autre présentation, Lama Seoud (CHU Sainte-Justine) a mis en lumière les défis liés à la capture du mouvement chez les enfants.
« Ces technologies sont matures et performantes. Mais le problème, c’est qu’elles ont été développées pour des adultes en position debout. Si on veut se lancer dans la capture de mouvement dans le contexte particulier des soins intensifs pédiatriques, on a besoin de données. » ‐ Lama Seoud
Être en mesure de capter des mouvements de faible amplitude pourrait permettre, par exemple, de détecter automatiquement des convulsions chez le bébé. Or, cela requiert une grande précision. Pour surmonter cet obstacle, Lama Seoud s'est lancée dans la création de sa propre base de données pour le CHU Sainte-Justine.
Photo © Courtoisie
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Au programme demain
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VENDREDI 12 MAI 2023
L’impact de la pandémie sur le développement des enfants et les inégalités psychosociales : les travaux multidisciplinaires des chercheurs de l’OPES (653)
Organisé par Sylvana Côté (CHU Sainte-Justine) et Marie-Kim Chabot (CHU Sainte‑Justine)
9h00 à 17h00 – Amphithéâtre 250
Les facteurs individuels et familiaux dans le développement de la santé mentale des jeunes : résultats des cohortes longitudinales québécoises (613)
Organisé par Natalie Castellanos-Ryan (CHU Sainte-Justine) et Mira El-Hourani (Université de Montréal)
9h00 à 13h00 – En ligne seulement
Le pluralisme des valeurs en pédiatrie (125)
Organisé par Dre Nathalie Orr-Gaucher (CHU Sainte-Justine) et Bertrand Lavoie (Université de Sherbrooke et CHU Sainte-Justine)
13h00 à 17h00 – Amphithéâtre 125
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