Dans le cadre du 115e anniversaire du CHU Sainte-Justine, 115 personnes racontent leur histoire et comment l’établissement a marqué leur vie... Cet anniversaire souligne également les 85 ans d’existence du Centre de réadaptation Marie Enfant (CRME). Merci pour ces beaux témoignages, pour ces souvenirs de joie, de peine, de résilience et d’espoir. De nouvelles histoires à découvrir chaque mois!
Chantal Gagnon
Sainte-Justine a changé la vie de milliers de gens… Après 32 années de service, Chantal raconte comment l’hôpital a changé la sienne.
« J’ai toujours voulu travailler en pédiatrie, j’aime le contact avec les enfants, dit d’entrée de jeu Chantal. Quand je faisais ma technique en soins infirmiers au Cégep André-Laurendeau, des gens du CHU Sainte-Justine sont venus passer des entrevues. J’ai commencé le 4 juin 1990, comme infirmière de nuit sur l’équipe volante. » Elle a par la suite occupé un poste d’infirmière à l’unité de soins multi-spécialités, où sont traités des patients hospitalisés à plus long terme.
En 2004, nouveau défi : Chantal est devenue coordonnatrice d’activités, en rotation de soir et de nuit. « À ce poste, tout tombe dans ta cour!, lance-t-elle. Dégâts d’eau, panne informatique, etc… Ça m’a aussi permis de toucher à plein de facettes de ma profession que je n’avais pas encore pu mettre en pratique. »
En parallèle, elle a poursuivi ses études universitaires pour compléter ses certificats, avec un horaire de travail adapté à sa situation. « Tout est accommodant ici, souligne-t-elle. D’ailleurs, ce que j’ai le plus aimé durant cette période, c’est l’entraide entre le personnel, qui dépasse l’aspect professionnel. Ça m’a nourrie de voir ça. Les équipes sont exceptionnelles, malgré tout ce qui est difficile au quotidien. Si tout ça fonctionne, c’est parce qu’on est une famille. Il n’y a pas de hiérarchie, on travaille tout le monde ensemble. » Elle voit d’ailleurs des collègues à l’extérieur du travail : « On vit les mêmes choses, on peut discuter des moments difficiles… »
En 2006, Sainte-Justine a développé un nouveau projet, de concert avec la Croix-Rouge. Intéressée par l’aide humanitaire, Chantal a posé sa candidature et a été sélectionnée pour faire partie de la première Équipe de réponse aux urgences (ERU), qui est déployée lors de désastres naturels. Elle a reçu une première formation canadienne, puis une autre offerte par la Croix-Rouge en France.
Sainte-Justine lui permettait d’être déployée pendant un mois complet. Sa première mission a eu lieu en 2006 dans un camp de réfugiés au Cameroun, à la suite de la guerre au Tchad, au sein d’une équipe multidisciplinaire – infirmières, médecins et travailleurs sociaux. Son deuxième déploiement l’a menée en Haïti, après le terrible tremblement de terre de 2010. Elle y est retournée l’année suivante, dans un camp pour patients atteints de choléra. « Et avec le Dr Dickens Saint-Vil, dit Chantal, j’ai participé à un projet à l’hôpital de Jacmel, en collaboration avec la Croix-Rouge. Je collaborais à l’évaluation des besoins. » Notons également une mission au Népal suite à un tremblement de terre. Enfin, plus récemment, quand la pandémie a frappé le Québec, elle a été déployée en CHSLD.
« Grâce à Sainte-Justine, j’ai pu évoluer professionnellement et personnellement. Ça fait 32 ans que je travaille ici… Ma retraite arrive bientôt, et ce sera déchirant de quitter cet environnement qui m’a construite en tant que personne. Cette expérience a tout relativisé dans ma vie, tout a pris un autre sens. Comme les petits bobos qui n’en sont pas vraiment… », conclut-elle avec sagesse.
Merci Chantal !
© photos : courtoisie