Les études canadiennes des signalements d’enfants1 considèrent qu’il y a violence physique si l’enfant a été blessé ou court de sérieux risques d’être blessé en raison d’un des cinq actes de violence qui suivent :
- Secouer, pousser, attraper ou projeter : comprend le fait de tirer ou de traîner un enfant et de secouer un enfant en bas âge ;
- Frapper avec la main : comprend le fait de gifler et de donner la fessée, mais non de donner un coup de poing ;
- Donner un coup de poing ou un coup de pied, ou mordre : comprend le fait de frapper avec d’autres parties du corps (p. ex., le coude ou la tête) ;
- Frapper avec un objet : comprend le fait de frapper avec un bâton, une ceinture ou d’autres objets, de lancer un objet à un enfant, mais non de poignarder avec un couteau ;
- Autre forme de violence physique : comprend toute autre forme de violence physique, y compris le fait d’étouffer, d’étrangler, de poignarder, de brûler, faire feu sur l’enfant, d’empoisonner et d’utiliser des mesures de restriction abusives.
L’article 38 de la Loi de la protection de la jeunesse du Québec2 permet de statuer sur l’abus physique dans deux circonstances :
- Lorsque l’enfant subit des sévices corporels ou est soumis à des méthodes éducatives déraisonnables de la part de ses parents ou de la part d’une autre personne, et que ses parents ne prennent pas les moyens nécessaires pour mettre fin à la situation ;
- Lorsque l’enfant encourt un risque sérieux de subir des sévices corporels ou d’être soumis à des méthodes éducatives déraisonnables de la part de ses parents ou d’une autre personne, et que ses parents ne prennent pas les moyens nécessaires pour mettre fin à la situation.
Définition médicale
Pour le milieu médical, l’abus physique comprend les caractéristiques suivantes :
- Toute blessure infligée à un enfant, pour quelque raison que ce soit, le plus souvent par la personne qui en est responsable. La notion de blessure peut entraîner un dommage au niveau des tissus (p. ex., des ecchymoses, des brûlures), au niveau des os (p. ex., des fractures) ou encore au niveau métabolique (p. ex., une intoxication). Ces blessures peuvent être internes (p. ex., le foie, le cerveau) ou externes (p. ex., la peau, le cuir chevelu).
- Les blessures par abus physique ne sont pas toujours visibles à l’œil nu.
- L’abus physique sous-entend l’utilisation d’une force physique envers un enfant qui peut lui causer des blessures ou lui en a causées.
- L’approche médicale permet de statuer sur les blessures (si elles sont présentes) et de faire une évaluation des causes les plus probables sans égard à l’intention derrière le geste. La recherche de l’intention derrière le geste relève davantage des domaines social et judiciaire.
L’approche sociale de l’abus physique tient compte des notions juridiques et médicales, mais surtout porte un regard sur l’abus physique dans un contexte plus large (familial, scolaire, fréquentation, amis). Elle apporte des précisions sur plusieurs éléments tels que la récurrence des gestes, les réactions des parents, la reconnaissance des gestes posés, etc.
La tendance sociale actuelle est de proscrire tout geste d’abus physique ou de discipline corporelle envers un enfant. À ce jour, pas moins 30 pays ont légiféré pour interdire les châtiments corporels à la maison et à l’école3, dont plusieurs en Europe4.
Socialement, il faut toutefois reconnaître que la discipline et l’éducation des enfants sont parfois difficiles. C’est pourquoi il est important de nuancer le contexte dans lequel la discipline s’est exercée afin de ne pas incriminer à outrance les parents mais plutôt les aider (voir la section Comment prévenir).
Personne ne peut cependant nier l’évidence de la dure réalité des abus physiques chez les enfants, allant d’une ecchymose au décès. Les chiffres en témoignent.