Abus physique: Statistiques

Tout ce qu'il faut savoir

Au Québec

En 2011-2012, la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) a reçu 77 244 signalements, dont près de 33 000 ont été retenus. Ceci signifie que plus de 200 personnes par jour au Québec téléphonent pour signaler un enfant peut-être victime de maltraitance (toutes catégories).

Signalements toutes formes de maltraitance (2001-2012) 1
Signalements 0-5 ans 6-12 ans 13-15 ans 16-17 ans Total
% 31 36 21 10  
Nombre total 24 073 28 441 16 643 8 027 72 444
% 33 39 19 7,7  
Nombre retenu 11 077 12 804 6 237 2 543 2 661


Catégories

Les signalements sont retenus par catégories de maltraitance : abus physique, abus sexuel, négligence, abandon, mauvais traitements psychologiques, trouble de comportement. La tendance des signalements en protection de la jeunesse fluctue selon les années. Par exemple, depuis quelques années, l’abus physique semble en augmentation.

En 2009-2010, 19 %, en 2010-2011, 19,4 %, en 2011-2012, 21,1 %, et ce, parmi l’ensemble des signalements reçus.


Âge des enfants signalés

Parmi les signalements retenus pour évaluation (2011-2012), tous âges confondus, près de 9 000 (N = 8997) concernent un abus physique ou un risque sérieux d’abus physique. Les enfants de 0 à 5 ans représentent 32 % et ceux de 6-12 ans sont hautement représentés, avec 47 % des signalements.

Signalements retenus par catégories d’âge — abus physique ou risque d’abus physique (Québec, 2011-2012)2

Nombre 0-5 ans 6-12 ans 13-15 ans 16-17 ans
Abus physique confirmé 1 753 3 545 1 174 417
Risque d’abus physique sérieux 1 144 702 190 72
Total (8 997) 2 897 4 247 1 364 489
% 32 47 15 5,4

En réalité, près de 3 000 enfants par année entre 0 et 5 ans font l’objet d’un signalement à la DPJ (au Québec) parce qu’ils ont subi de l’abus physique ou qu’ils vivent dans un contexte où le risque d’abus physique est sérieux.

De plus, un enfant victime d’abus physique est souvent victime aussi d’une autre forme de mauvais traitement.

Au CHU Sainte-Justine, la pédiatrie sociale se compose de trois équipes principales. Au total, environ 2 500 demandes par année pour tous types de maltraitance sont évaluées par les différents professionnels de la pédiatrie sociale.

L’une des équipes de pédiatrie sociale, la clinique socio-juridique, reçoit des enfants entre 0-12 ans principalement pour évaluation d’abus sexuel ou d’abus physique. Voici quelques données de cette clinique :

  • Près de 500 enfants par année sont évalués pour possibilité de maltraitance.
  • Parmi ceux-ci, environ 40 % des cas concernent l’abus physique (blessures) ou le risque sérieux d’abus physique (p. ex., violence conjugale — les parents se chamaillent et le bébé aurait été lancé dans les bras de l’autre).
  • Entre 100 et 150 enfants doivent être hospitalisés (par année), dont 99 % à la suite d’abus physiques.
  • Parmi les blessures par abus physique, on note des :
    • fractures du crâne, fractures de côtes, fractures des membres ;
    • traumatismes crâniens non accidentels, dont le « syndrome du bébé secoué » ;
    • brûlures ;
    • ecchymoses, morsures.

Les nourrissons et jeunes enfants sont les victimes probablement les moins reconnues, car « ils sont quasi invisibles ». Ils sont sous la dépendance complète des personnes qui en prennent soin. Ils ne parlent pas et souvent ne se déplacent pas encore seuls. Ceux que l’on dépiste ont des séquelles graves.

En fait, chez les plus jeunes enfants, on trouve le taux de morbidité et mortalité le plus élevé. Ce qui signifie que :

  • plus l’enfant est jeune, plus le risque qu’il décède d’un abus physique est grand ;
  • s’il survit, les séquelles physiques sont plus fréquentes et plus importantes.

Pourquoi ces blessures ne sont pas toujours reconnues

Les enfants apprennent vite à cacher leurs « maux » par crainte de récidives pires.
Par exemple :

  • Un bébé peut cesser de pleurer dès que l’on approche du lit... (il est craintif…).
  • Un enfant de 2 ans a cessé de manger, mais on ne voit rien.
  • Une fillette de 4 ans refuse d’aller à la garderie, pleure, mais ne dit rien.
  • Un jeune de 7 ans ne vous regarde jamais dans les yeux, il vous dit que les ecchymoses dans son dos ont été faites par le « loup »...
  • Le jeune de 10 ans fait sa dictée, qui presque illisible tellement elle est mal écrite... (il cache sa douleur à la main, ne dit rien…), il refuse d’aller au tableau (incapable de bouger l’épaule), mais rien n’est apparent.

Ces exemples témoignent des multiples indices que peuvent transmettre ou cacher les enfants, mais aucun n’est exclusif à l’abus physique. Il est très important de comprendre qu’un indice d’abus physique doit vous alerter, mais, en soi, l’indice seul ne permet pas de conclure à l’abus physique.

Vous êtes inquiet et vous suspectez qu’un enfant est victime d’abus physique, mais vous ne constatez pas d’indice évident. Vous cherchez alors d’autres indicateurs comme des facteurs de risque qui pourraient vous mener vers la confirmation de ce que vous craigniez depuis longtemps, mais... attention aux conclusions hâtives.

Attention !

Il en va de même pour les facteurs de risque

La seule présence d’un facteur de risque ne contribue pas à un diagnostic d’abus physique. La plus grande erreur est de lire les facteurs de risque, de les cumuler (1 + 1 + 1) et de conclure sans évaluation.

Ou encore vous ne reconnaissez aucun facteur de risque ni pour vous, ni pour la personne que vous soupçonnez, ni pour l’enfant, cependant l’abus physique est bel et bien présent.


Facteurs de risque d’abus physique 

Les facteurs de risque sont des caractéristiques liées à une personne, à son environnement, à sa culture ou son mode de vie qui entraînent une probabilité plus élevée de subir un mauvais traitement physique.

Il y a trois grandes catégories les facteurs de risque : liés à l’enfant, aux parents et à l’environnement.

Liés à l’enfant

  • Prématurité
  • Enfant handicapé ou porteur d’une maladie chronique
  • Pleurs excessifs, inconsolables, qui durent longtemps
  • Enfant perçu comme « difficile ou désobéissant »
  • Difficultés à l’école (soit dans l’apprentissage, soit dans ses comportements)
  • Limite intellectuelle

Liés aux parents

  • Avoir subi de la maltraitance dans son enfance
  • Violence conjugale
  • Consommation de drogues ou d’alcool
  • Isolement social
  • Faible niveau de scolarité
  • Perte d’emploi
  • Ou rien de tout cela, mais parent épuisé : « Je n’en peux plus. »

Liés à l’environnement

  • Baisse imprévue du salaire ou revenu insuffisant, perte d’emploi
  • Déménagements fréquents
  • Quartier moins favorisé avec logements parfois non sécuritaires3
Notes
  1. Un enfant… des parents au cœur de l’intervention, Bilan des directions de la protection de la jeunesse. 2012.
  2. Larrivée, M.-C., C. Lavergne, S. Dufour et N. Trocmé. 2009. L’abus physique avec ou sans autres formes de mauvais traitements : deux réalités ?
  3. Trocmé, N., B. Fallon, B. MacLaurin, V. Sinha, T. Black, E. Fast, C. Felstiner, S. Hélie, D. Turcotte, P. Weightman, J. Douglas et J. Holroyd. 2010. Étude canadienne sur l’incidence des signalements de cas de violence et de négligence envers les enfants 2008, Résumé et chapitres 1 à 5, Agence de la santé publique du Canada, Ottawa.
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Mise à jour le 6 mai 2021
Créée le 27 mai 2014
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