Présentation et conservation
- Tubes de crème lidocaïne 2,5% et prilocaïne 2,5%, 5 g
- Conserver à température ambiante
Indications
Anesthésique local
En complément aux autres mesures antalgiques, en anesthésie cutanée locale pour certaines interventions douloureuses, lorsque le délai d’action (60 minutes) le permet : voir le guide clinique Prévention et soulagement de la douleur procédurale en néonatologie pour les indications retenues en néonatologie au CHU Sainte-Justine :
- Ponction veineuse ou artérielle
- Ponction lombaire
- Ponction vésicale
- Insertion d’une voie veineuse périphérique planifiée (p. ex. avant une chirurgie)
- Insertion d’une canule artérielle
- Immunisations (certains vaccins, p. ex. : Infanrix hexamd); pour les autres vaccins, il n’existe pas d’études confirmant que l’immunogénicité du vaccin est préservée avec l’utilisation de la crème; l’utilisation de l’EMLAmd peut néanmoins être envisagée pour d’autres vaccins administrés par voie IM)
N’est pas indiqué (inefficace) pour les prélèvements capillaires
Mécanisme d'action
Anesthésie cutanée par inhibition de la propagation des influx nerveux
Doses
Surface selon âge postmenstruel et postnatal :
- Âge postmenstruel < 30 semaines
- 0 à 7 jours : éviter l’utilisation d’EMLAmd en raison du risque de lésions cutanées purpuriques; envisager d’autres options analgésiques (voir le Protocole d’analgésie-sédation pour procédures douloureuses courantes en néonatologie – CHUSJ); si les autres options ne conviennent pas, appliquer maximum 0,5 g pendant 60 minutes
- > 7 jours : maximum 0,5 g pendant 60 minutes
- Âge postmenstruel 30 et 31 semaines
- 0 à 3 jours : éviter l’utilisation d’EMLAmd en raison du risque de lésions cutanées purpuriques; envisager d’autres options analgésiques (voir le Protocole d’analgésie-sédation pour procédures douloureuses courantes en néonatologie – CHUSJ); si les autres options ne conviennent pas, appliquer maximum 0,5 g pendant 60 minutes
- > 3 jours : maximum 0,5 g pendant 60 minutes
- Âge postmenstruel 32 à 36 semaines
- Tous : maximum 0,5 g pendant 60 minutes
- Âge postmenstruel ≥ 37 semaines
- Tous : maximum 1 g pendant 60 minutes
Ne pas appliquer plus d’une fois par 24 h : l’innocuité d’applications répétées de la crème EMLAmd n’a pas fait l’objet d’études suffisantes pour en recommander l’usage
Préparation, administration et compatibilités
- Porter des gants lors de l’application et du retrait de la crème
- Recouvrir la peau et l’EMLAmd d’un pansement occlusif (utiliser une pellicule transparente siliconée (p. ex. Mepitel Filmmd); si non disponible, utiliser une pellicule transparente (p. ex. Tegaderm Filmmd) pendant 60 minutes avant la procédure)
- Après 60 minutes, enlever le surplus de crème sur la peau avec une gaze stérile : la zone reste anesthésiée pendant 1 à 2 heures; il est préférable d’attendre 10 à 15 minutes avant une ponction veineuse afin de faciliter la recoloration de la peau et l’apparition du réseau veineux
- Ne pas appliquer près des yeux ni sur une muqueuse ou sur une peau endommagée
Effets indésirables
Fréquents : blanchiment de la peau sur la zone d’application (vasoconstriction), érythème et oedème localisés; réactions purpuriques locales chez les enfants très immatures dans la première semaine de vie
Rares, reliés à la dose administrée et à l’immaturité de l’enfant : méthémoglobinémie (désaturations, cyanose, hypoxémie, dyspnée, tachycardie, léthargie), toxicité au système nerveux central si surdosage (irritabilité, convulsions, dépression du système nerveux central)
Les réactions d’hypersensibilité sont rares chez les nouveau-nés
Note : la lidocaïne possède une activité antiarythmique de classe Ib
ANTIDOTE
En cas de méthémoglobinémie : bleu de méthylène (Disponible dans le cabinet de l’unité des soins intensifs de néonatologie. Dose : 1 mg/kg IV x 1 dose, à répéter après 1 heure si nécessaire. Ne pas rediluer avant administration, ou rediluer dans NaCl 0,9% si nécessaire pour faciliter l’administration. Administrer LENTEMENT en 5 à 10 minutes. Attention, très irritant : administrer par voie centrale si possible, sinon surveiller le site d’administration. Bleu de méthylène contre-indiqué en cas de déficit en glucose-6-phosphate déshydrogénase (G6PD)).
Suivi
Site d’application : enlever la crème si apparition de rougeurs ou de vésicules
La zone reste anesthésiée pendant 1 à 2 heures
Surveillance des signes cliniques de méthémoglobinémie, dans les 24 heures suivant l’application (saturations, coloration, fréquence cardiaque, états respiratoire et neurologique)
Contre-indications et précautions
Contre-indications
- Traitement avec un médicament oxydant l’hémoglobine et pour lequel des cas cliniques de toxicité sont rapportés :
- Dérivés nitrés et nitrites (p. ex. : oxyde nitrique (NO), nitroglycérine)
- Métoclopramide
- Sulfamidés (p. ex. : triméthoprime-sulfaméthoxazole - Septramd/Bactrimmd)
- Rasburicase
- Autres anesthésiques locaux
- Méthémoglobinémie congénitale
Précautions
Opter pour d’autres options analgésiques chez enfants très immatures en raison du risque accru de lésions cutanées de type purpurique (voir section DOSES)
Effectuer une surveillance étroite des signes de méthémoglobinémie en présence de l’une de ces conditions; envisager d’autres mesures antalgiques si plus d’une de ces conditions est présente :
- Traitement avec un médicament reconnu pour son potentiel de formation de méthémoglobine mais sans cas clinique de toxicité relevé à ce jour
- Acétaminophène, phénobarbital, phénytoïne, nitrofurantoïne
- Conditions prédisposant à la méthémoglobinémie
- Sepsis, acidose métabolique, statut hémodynamique instable, cyanose, diarrhées sévères, etc.
- Altération importante de la fonction hépatique
Considérer un suivi clinique ou électrocardiogramme en présence de l’une de ces conditions :
- Bloc cardiaque ou bradycardie sévère
- Traitement avec un antiarythmique de classe I (p. ex. : flécaïnide, phénytoïne, propafénone) ou de classe III (p. ex. : amiodarone, sotalol)