Prévalence de la sélectivité alimentaire
Jusqu’à :
- 50% des enfants présentant un développement dit « typique »
- 80% des enfants présentant un trouble du développement
- 89% des enfants TSA
Les difficultés à l’alimentation dans le TSA sont surtout en lien avec des rigidités
- Typiquement : « tout allait relativement bien, mais depuis environ l’âge de 18 mois, il refuse des aliments avec certaines caractéristiques visuelles soit la couleur, la forme etc».
- Les signes cliniques du TSA, dont les difficultés à l’alimentation, sont plus francs entre 2 et 5 ans; le diagnostic est souvent émis dans cette période.
Le parent, inquiet, désire que son enfant mange à tout prix.
Il peut alors user de différentes stratégies.
- Mais attention !
Grignoter toute la journée a un impact sur la régularisation de l’appétit et manger uniquement les aliments préférés peut entrainer un « burn out » de ces aliments limitant ainsi l’éventail accepté.
Pourquoi les aliments souvent préférés par les enfants avec TSA sont des frites, des croquettes, des chips, des biscuits ? Pourquoi la malbouffe ?
- Ces aliments sont faciles à mastiquer et ont une texture homogène en bouche. Les enfants avec TSA présentent souvent une hypotonie de base (tonus réduit des muscles du visage).
- Les fruits et légumes peuvent être mouillés et mous, fibreux, colorés, sûres…un « cocktail » de sensations différentes à gérer en même temps.
Gagnon et al.(2016)
Au niveau du comportement
Par exemple :
- Crainte de la nouveauté
- Rigidité quant à la présentation des aliments/marque/emballage
- Rituels
- Difficultés à rester assis à la table
- Trie les aliments
- Élimine progressivement des aliments du répertoire
- Lance la nourriture
- Fait des crises de colère, etc.
Au niveau sensoriel
Par exemple :
- Hypersensibilité à certaines textures/odeurs ou certains goûts
- Difficulté de régulation sensorielle par exemple, agitation durant le repas
- Mauvaise perception de ses signaux de la faim
- Haut-le-cœur à certains aliments, etc.
Au niveau physique
Par exemple :
- Difficulté de mastication
- Reflux gastro-œsophagien
- Constipation
- Allergies alimentaires
- Problèmes de respiration (ex. congestion nasale)
- Difficulté de déglutition ou à avaler, etc.
Au niveau de l’environnement
L'environnement humain et physique peut influencer le comportement de l’enfant (ex. présence de plusieurs stimuli aux repas, absence de routine, mange à plusieurs endroits dans la maison etc.). L’environnement peut accentuer, réduire, renforcir le comportement.
Attention !
Les parents sont rarement la cause des difficultés à l’alimentation. Dans 90% des cas, la cause est AUTRE que les parents.
Les difficultés à l’alimentation chez l’enfant présentant un TSA peuvent s’exprimer de diverses façons selon les enfants et peuvent également varier chez un même enfant selon son état de santé, son état de stress ou selon les milieux ou les personnes.
Nadon (2012), Gagnon et al (2016), Toomey (2014)
Qu’est-ce que les enfants autistes aiment manger ?
Qu’est-ce que les enfants autistes n’aiment pas manger ?
Beaucoup de temps dans une journée est passé à la routine autour du repas (fête, sociale, repère dans la journée). Avoir un enfant sélectif… ça bouleverse le quotidien.
Si vous avez des inquiétudes, n’hésitez-pas à consulter votre médecin.

Votre médecin saura vous orienter vers les professionnels qui pourront le mieux vous aider en lien avec les difficultés suivantes (ergothérapeute, nutritionniste etc.) :
- Repas d’une durée de plus de 45 minutes
- Ne mange pas du tout d’un groupe alimentaire
- N’accepte que des aliments ayant la même texture
- Refuse systématiquement de manger ou s’oppose lors des repas.
- Mange moins de 20 aliments à partir de l’âge d’un an: comportement qui persiste sur une période de plus d’un mois
- Cesse de manger certains aliments et ne les réintroduit pas, ce qui diminue graduellement le nombre d’aliments ingérés
- Garde des aliments très longtemps dans sa bouche (plus de 10 minutes)
- Écoulement salivaire alors que l’enfant est âgé de 4 ans et plus
- Haut-le-cœur réguliers pendant ou après le repas
- Incapacité à faire la transition vers
- Les purées (dès le 6e mois)
- La nourriture de table (à partir d’un an)
- Le verre (après 16 mois)
- Mange encore de la nourriture pour bébé après l’âge de 16 mois (purées, céréales, etc.)
- Éprouve de la difficulté ou ne peut mastiquer des aliments plus durs (après 4 ans).
Drapeaux rouges (document de travail), CMR, SRSOR et CRDITED-ME (2010)
Qu’est-ce que la nutritionniste peut faire pour mon enfant ?
En tant que parents, être prêt à adopter de nouvelles habitudes :
- Diminuer ses attentes que l’enfant mange de nouveaux aliments (être patient).
- Briser ses propres barrières en lien avec l’alimentation (idées préconçues).
- Être des modèles lors des repas.
Il n'y a pas de solutions universelles, mais certaines stratégies sont gagnantes !
Avant le repas
- Réaliser une activité calmante appréciée de l’enfant 5-10 minutes avant le repas (diminue le stress et rend l’enfant plus réceptif).
- Rendre les repas structurés et prévisibles. Être clair (pour l’enfant) et cohérent dans ses attentes (ex. instaurer une routine avec un début et une fin claires)
- Présenter les repas à des heures fixes (3 repas et plus ou moins 3 collations par jour, au 2h environ). La routine est très importante (entre autres pour régulariser l’appétit et rassurer l’enfant).
- Limiter l’accès aux aliments en dehors des repas
Pendant le repas
- La durée du repas un maximum de 30 minutes
La fenêtre « temps » de la faim est de 20 minutes.
- Au-delà de ça, l’enfant n’a physiologiquement plus faim…
- Aussi, l’enfant prend le plus de ses apports nutritionnels en 10-15 minutes.
- Diminuer les stimulations visuelles et auditives
- Environnement calme et prévisible.
- La télévision ou la tablette électronique durant le repas est une stratégie couramment employée par les parents d’enfants TSA. Attention! Bien que cette stratégie puisse être utile pour inciter certains enfants à manger, elle limite la disponibilité à explorer de nouveaux aliments. Elle limite le développement du plaisir à manger les aliments plus difficilement acceptés initialement (le plaisir provient davantage de l’action d’écouter la télévision que de manger).
- Alternative : Offrir la télévision à la fin du repas ou offrir la télévision en alternance avec les aliments (ex. 2-3 bouchées et 1 minute de télévision, ensuite pause pour la télévision, puis 2-3 bouchées, ainsi de suite).
- Encourager l’enfant à demeurer assis
- En assurant un bon positionnement assis.
- En utilisant un outil visuel (horloge visuel) et une activité plaisante suivant le repas (augmente la motivation).
- En micro-graduant les exigences : demeurer assis 2-3 minutes pour une collation, demeurer assis 5-6 minutes pour une collation, demeurer assis 10 minutes pour un repas etc.).
- En offrant toujours au moins un aliment aimé à chaque repas.
...mais, trouver un équilibre entre le besoin de stabilité (ex. lui offrir toujours un aliment aimé) et l’exploration de la nouveauté (ex. l’exposer à un nouvel aliment à chaque repas).
- Exposer graduellement l’enfant aux nouveaux aliments ou aux aliments refusés
L’objectif à court terme est de faire grimper l’enfant dans « l’escalier de tolérance » en l’incitation à tolérer l’aliment à proximité, à interagir avec un ustensile et l’aliment, à le sentir, à le toucher, à le goûter et finalement à le manger.
- Mettre l’accent sur la variété des aliments présentés versus la quantité/qualité d’un seul aliment
Offrir une grande variété d’aliments. Par exemple, il est souhaitable qu’il accepte de sentir 5 nouveaux aliments sur un délai de 3 semaines plutôt qu’il accepte de goûter uniquement à un nouvel aliment avec ce même délai.

- En manipulant la nourriture, l’enfant peut anticiper sa température, sa texture et sa consistance. L’enfant intègre toutes les informations sensorielles (sauf le goût) avant de mettre l’aliment dans sa bouche.
- Les étapes sont nombreuses avant de manger un nouvel aliment et ce n’est pas parce qu’un enfant refuse un aliment une première fois que la bataille est perdue ; bien au contraire ! Il faut demeurer patient.
- Ne pas forcer l’enfant à manger (augmenter l’anxiété et coupe l’appétit).
- Offrir des portions adaptées et faire une rotation des repas (ex. macaroni au dîner lundi, sandwich au dîner mardi, macaroni au dîner mercredi).
- Éviter de présenter les aliments toujours de la même façon
Introduire régulièrement des petits changements que l’enfant peut tolérer. Attention à introduire des changements minimes au départ, selon la tolérance de l’enfant, pour éviter que l’enfant rejette complètement l’aliment.
- Renforcer les bons comportements et les efforts fournis par l’enfant
(ex. est demeuré assis, a accepté de toucher à un nouvel aliment dans son assiette, a accepté de garder un aliment moins aimé dans son assiette etc.). Le renforcement peut être social (ex. « bravo! », une activité agréable avec le parent après le repas, etc.) ou matériel (ex. un autocollant, un aliment apprécié, un jeu apprécié après le repas etc.).
Nadon (2012), Gagnon et al (2016), Toomey (2014)
Comment présenter un aliment à l’enfant autiste ?
Une diète sans gluten et sans produits laitiers a-t-elle des effets positifs chez les enfants avec un TSA ?
Plusieurs chercheurs se sont intéressés à valider si le retrait de l’alimentation de certaines protéines tel que le gluten présent entre autre dans le blé, l’orge et le seigle ainsi que de la caséine des produits laitiers pourrait réduire les symptômes de l’autisme. Jusqu’à présent, les données disponibles à ce sujet ne sont pas concluantes. Les études n’ont pas réussi à fournir les évidences pour que ce type d’alimentation soit recommandé pout tous les enfants avec TSA.
Cela dit, si vous choisissez de débuter le régime sans gluten et sans produits laitiers pour votre enfant, assurez-vous d’offrir de bonnes alternatives aux aliments qui sont éliminés. Il faut garder en tête que plus il y a de restrictions à l’alimentation et plus il y a de risque de carences en éléments nutritifs essentiels à une bonne santé.
Stéphanie Benoit
Nutritionniste spécialisée en neurologie