Le hérisson, l’ours et le lièvre ont besoin de bouger!
Menée par une volonté d’améliorer ses pratiques, une équipe interdisciplinaire des soins intensifs du CHU Sainte-Justine a mis sur pied « Bouger aux soins intensifs », un programme inspiré par le PICU Up! de l’hôpital John Hopkins.
Infirmières, inhalothérapeute, monitrice clinique, médecins, ergothérapeute, physiothérapeutes et préposé aux bénéficiaires travaillent dans le même but : promouvoir la mobilisation des enfants le plus rapidement possible après leur admission à l’unité.
Hérisson, ours et lièvre; un système de classification des niveaux de mobilité des patientes et patients a été créé afin d’indiquer la sévérité de la maladie et le support technologique nécessaire à sa guérison. Les mouvements à la portée d’un ours ne sont pas les mêmes que ceux qu’un lièvre peut exécuter. Tous les membres de l’équipe, les infirmières autant que la physiothérapeute, peuvent assigner un enfant à un niveau de mobilisation.
Dans la chambre de chaque enfant se trouve un carnet, créé en collaboration avec des parents-partenaires, qui explique de façon imagée, selon le niveau de mobilité et l’âge des patientes et patients, les mouvements, les habitudes et les gestes recommandés.
« Ce qu’on cherche c’est que les patientes et les patients soient bougés à un niveau adéquat et sécuritaire selon leur niveau de mobilité dans les trois premiers jours », explique Dre Nadia Roumeliotis.
Parce que si l’immobilité est nécessaire dans certains cas d’hospitalisation, elle peut dans d’autres cas entraîner des faiblesses, un délirium et une récupération plus longue. L’immobilité peut aussi causer une perte de masse musculaire. De nombreux gestes, petits et grands, peuvent toutefois réduire ces risques et avoir des bienfaits respiratoires, musculosquelettiques, neurologiques, et psychologiques.
Faire entrer la lumière
Éclairer la chambre de l’enfant, lui donner des câlins, le faire asseoir sur son lit, le changer de position régulièrement; autant de petits gestes qui pavent la voie à la récupération. Recréer un cocon, un univers familial, douillet et chaleureux dans la chambre de l’enfant est aussi primordial.
« On essaie de stimuler l’éveil, on essaie d’humaniser les soins », formule la physiothérapeute Jaime Tardif qui précise que l’anxiété est souvent diminuée chez un enfant entouré de ses jouets, de ses objets personnels.
L’ergothérapeute Joël Beauregard ajoute que certaines petites étapes de mobilisation qui peuvent paraître très banales, comme enfiler un pantalon sans aide, sont pourtant d’une grande importance pour la récupération.
« Il y a de l’éducation à faire auprès des familles aussi parce que certaines d’entre elles veulent trop protéger leur enfant et (…) lorsqu’il ou elle recommence à bouger les parents vont vouloir aider pour tout », expose-t-il.
« Tous les efforts portent fruit », ajoute la physiothérapeute Jaime Tardif qui tient à souligner l’apport indispensable des parents-partenaires dans le projet.
Si de grands progrès sur l’état des patientes et patients ne sont pas visibles rapidement, l’amélioration de leur bien-être, oui. Le bien-être des parents aussi.
« Dès qu’un parent peut prendre son enfant dans ses bras, il y a beaucoup de soulagement et ça leur fait énormément de bien tôt dans l’hospitalisation », précise Dre Roumeliotis.
Équipés pour bouger
Aidée par une enveloppe remise par la Fondation CHU Sainte-Justine, l’équipe interdisciplinaire souhaite maintenant se doter d’équipement supplémentaire pour faciliter la mobilisation des enfants et la participation des parents.
Sur la photo (de gauche à droite) :Dave Bourgeois, préposé aux bénéficiaires, Nadia Roumeliotis, médecin SIP, Jaime Tardif, physiothérapeute SIP, Samuel Bergeron, inhalothérapeute, Anissa Lahfafa, monitrice clinique SIP, Joël Beauregard, ergothérapeute SIP, Anouk Lauzon-Vincent, physiothérapeute SIP, Jessie Goyette, soutien clinique en soins infirmiers, Clemence Calvet, infirmière, Baruch Toledano, médecin et chef de service SIP et Stéphanie Houle, infirmière. *Clemence et Stephanie ne font plus parti
Photos : CHU Sainte-Justine (Véronique Lavoie)